à tous
Aujourd’hui, j’ai décidé que c’était la journée de la femme. Peu importe qu’il y en ait qui ont choisi une autre date !
Et c'est pourquoi je vais vous parler aujourd’hui d’un des meilleurs compositeurs français des règnes de Louis XIV et Louis XV : Elisabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729). Eh oui, c’était une femme !
Pourquoi n’y a-t-il eu que très peu de femmes compositeurs dans le passé : tout simplement, parce qu’on les empêchait d’exister. Petit exemple : Mozart avait une sœur de 5 ans son aînée, Maria Anna, plus connue sous le surnom de Nannerl Elle aussi était une surdouée. Elle a été comme son frère une enfant prodige, une excellente claveciniste et son père l’a promenée partout en Europe pour exhiber son talent. Mais quand elle a atteint « l’âge de se marier », ses parents (et la société de l’époque) ont décidé qu’elle ne pouvait plus poursuivre sa carrière de musicienne. Exit Nannerl Mozart ! Nous savons grâce à son frère qu’elle aussi composait, parce qu’il fait l’éloge de ses compositions dans les lettres qu’il lui écrivait. Malheureusement aucune de ses pièces n’est parvenue jusqu’à nous. Est-ce vraiment un hasard ?
Mais revenons-en à Elisabeth Jacquet de la Guerre. Née en 1665 à Paris, elle fut très tôt initiée à la pratique du clavecin par son père Claude Jacquet. Elle n’avait que 5 ans lorsqu’elle joua pour la première fois devant Louis XIV. La faveur du roi ne se démentira jamais, et c’est sans doute ce qui lui permit de poursuivre une carrière de musicienne tout au long de sa vie. En 1684 elle épousa l’organiste Marin de la Guerre, et, dès lors, utilisa leurs deux noms accolés : Jacquet de la Guerre. Dernier petit détail familial : François Couperin était son cousin.
Elle est l’une des premières en France à avoir composé des sonates, forme musicale venue d'Italie. Elle nous a laissé aussi des cantates sacrées et profanes, et même une des toute premières tragédies lyriques françaises, composée en 1694, « Céphale et Procris »
J’ai choisi de vous faire écouter l’une des ses cantates sacrées « Judith » écrite en 1708. Elle fait partie du livre 1 des « Cantates françoises sur des sujets tirez de l’Ecriture ». Vous n’entendrez pas de chœur aujourd’hui chère Dame LR . Cette œuvre est écrite pour un seul soliste, une soprano en l’occurrence, accompagnée par un violon et la basse continue. Le texte fut écrit par Antoine Houdar de la Motte
- Simphonie (sinfonia, ouverture)
- Récitatif. Tandis que de la faim où la guerre la livre
- Air. La seule victoire
- Récitatif. Enfoncez le trait qui le blesse
- Sommeil
- Récitatif. C'en est fait le repos
- Accompagnement. Judith implore encore la céleste puissance
- Air : Le coup est achevé
- Récitatif : Courez, courez Judith
- Air : Chantons, chantons la Gloire du seul maître des Rois
Notons que la cantate se termine par un air très brillant « Chantons la Gloire du seul maître des Rois » qui fut très certainement écrit à la gloire de Louis XIV.
Madame Zouave
PS : il n’y a qu’une seule vidéo de cette cantate complète sur YouTube, je n’ai donc pas eu le choix. Désolée pour la qualité médiocre du son.