Merci Papadroopy pour cette belle photo
de cerisier . Je pense que nous n'allons
pas tarder à vous rendre visite . Dommage
la pluie aura abîmé les cerises .
Je vais encore essayer d'aller travailler
en voiture en espérant trouver une place et
que ce ne soit pas trop galère . On verra bien !
Voici le mot du jour de l'abbé Billot :
Le vrai sens de l'autorité
Beaucoup de choses ont perdu leur sens avec le temps. Prenons l'exemple de la question de la punition divine. Jugeant que cet aspect était inadmissible pour un certain nombre de raisons, beaucoup déclarent qu’il s’agit d’un anthropomorphisme à dépasser dans notre compréhension de Dieu.
Manifestement conscient du glissement de sens de certains mots, et intime du Christ, le Padre Pio, d’après l’abbé Jean Derobert, disait à peu près que l’on ne devrait pas dire que Dieu punit, mais qu’il corrige.
Quand on dit que Dieu châtie, ce terme n’est pas faux en soit, puisqu’il est utilisé dans l’Ecriture Sainte (d’après les traductions). Mais employer les termes « châtiment » ou « punition » n’indique pas forcément la finalité. Une punition peut être donnée pour différentes finalités et à notre époque, il est important de rappeler la finalité. Beaucoup de choses sont, en effet, devenues absurdes aux yeux des gens puisqu’ils n’en connaissent pas la finalité.
Ainsi la finalité de la morale est d’aimer la personne dans son entier, pour son présent et son futur. Et quand les gens réfléchissent à ce que c’est que vraiment aimer, ils arrivent à un comportement respectueux de l’autre.
Ainsi beaucoup de mots qui nous viennent de l’Ancien ou du Nouveau Testament ont changé de sens, sont mal traduits, ou sont polysémiques. (Nous pourrons développer cela dans d’autres mots du jour).
Les gens se trouvent pris entre la vision d’un Dieu qui punirait le moindre écart, image de Dieu qui ne peut que susciter la peur ou la défiance, et celle de la vision d’un Dieu libertaire ou inexistant.
L'une des premières « punitions » de Dieu est indirecte. C’est justement de nous laisser aux conséquences de nos choix libres. C’est très pédagogique. Dans l’Ecriture Sainte, il y a quantité d’exemples de cela. Les gens ne veulent par exemple pas de Dieu, donc il les laisse se débrouiller face à leurs ennemis. Ainsi ils comprennent qu’ils ont besoin de lui.
Il y en a d’autres qui semblent plus directes, que l’on trouve dans l’Ancien mais aussi dans le Nouveau Testament.
Les gens ayant souvent une vision des choses faussée sur la question du rapport à l’autorité, qui est délicat à notre époque - ils n’ont connu souvent de l’autorité que la dictature, familiale ou étatique, mais pas de véritable autorité : celle qui élève (autorité vient du latin « augere » : augmenter) - peuvent interpréter certains textes bibliques succincts dans un certain sens qui n’est pas forcément celui des écrivains inspirés. En effet un même acte peut être vu de différentes façons suivant la psychologie de la personne, et on n’y perçoit pas forcément l’aspect pédagogique qui se cache derrière.
Je vais essayer de vous en montrer un exemple (c’est une hypothèse tout à fait personnelle et qui pourrait être remise en question) :
Zacharie doute de la parole de l’ange Gabriel selon laquelle il aurait un fils, à cause de son âge et celui de sa femme Elisabeth. L’ange lui déclare en retour qu’il ne parlera plus jusqu’à la naissance de l’enfant.
Les gens de notre époque lisant cela dans une société qui a presque complètement perdu le sens de la paternité, pourraient y voir un acte autoritaire et vengeur du bon archange Gabriel en réponse à l’incrédulité de Zacharie.
Personnellement, je peux y voir une « punition » pédagogique. L’ange annonce une première chose à Zacharie qui ne se produit pas sur l’instant, il doute. Il lui annonce une deuxième chose et elle se produit sur l’instant. Donc sa foi en la parole de l'ange grandit.
De plus, le silence auquel est contraint Zacharie peut le conduire à plus d’intériorité et ainsi à s’approcher plus de Dieu (voir Amour et silence, d’un chartreux) et à croire en Sa parole annoncée par l’ange.
Ainsi, d’un acte qui peut paraître à certains injuste, voire méchant, on peut aussi y voir un acte d’amour éducatif.
Beaucoup d’autres choses ont perdu pour un grand nombre leur finalité. Par exemple la pénitence et l’ascèse. On n’y voit souvent que la valeur de l’effort (qui est important car nous sommes des êtres de choix) ou de la souffrance. On n’y voit plus l’acte de reconquête de sa liberté et l’aspect contemplatif induit (le corps dont on est moins esclave est moins un obstacle pour aller vers Dieu par la prière).
Ce que nous avons abordé aujourd’hui est un sujet vaste et délicat, à propos duquel il y a beaucoup de distinctions à faire et sur lequel nous pourrons revenir, mais il m’a semblé important de vous partager ces réflexions.
Dieu vous bénisse
Abbé Billot
Prenez soin de vous et des vôtres !
Mirabelle