Etude de caractères. Un stage de chant choral.
Côtoyer 70 personnes pendant une semaine !
Vaste champ d’étude…
Les compagnes de pupitre :
Nous sommes une bonne quinzaine : chaque jour, nous prenons une nouvelle place dans le pupitre, histoire de se rendre compte déjà de la façon dont l’une et l’autre chantent afin de calculer qui on va choisir comme voisine le soir du concert !
Curieux mais vrai : rien qu’à voir la tête de la choriste, on sait tout de suite si elle va chanter ou faire semblant ! Cela ne s’explique pas.
Il y a les petites timorées, souriantes mais craintives, qui manifestement ne connaissent rien à la musique, démarrent toujours une seconde après les autres, cela s’entend ! Dans une musique où abondent les départs à contretemps, c’est ennuyeux !!
Dans notre pupitre d’alti, il y en avait trois ou quatre de ce genre. Heureusement, elles étaient de petite taille, ainsi le soir du concert on les place devant (il faut qu’elles voient le chef !). Au premier rang, elles seront malheureuses, les pauvres, je les plains, elle préféreraient se planquer au fond, derrière les autres, mais devant elles entendront très bien celles qui sont derrière elles et cela leur donnera un peu d’assurance. Les choristes placées au dernier rang ne peuvent compter que sur elles-mêmes.
Attention à celles qui côtoient les basses, nos voisins. Quand on n’a pas eu l’habitude de chanter à côté d’eux pendant les répétitions, il peut s’avérer très déstabilisant de les entendre rugir sur un air et un rythme différents des nôtres. C’est arrivé à une collègue mezzo qui s’est retrouvée le soir du concert trop près des ténors, ce dont elle n’avait pas l’habitude. Elle a dû s’accrocher !
Le chef nous disait que, de plus en plus, les gens recherchent le
Les repas :
Ah ! Voilà qui est intéressant !
Pendant les répétitions, nous côtoyons uniquement les différents choristes de nos pupitres respectifs, et de toute façon, ce n’est pas le moment de papoter !
Mais aux repas !
Ils sont pris dans ce qui sert de cantine scolaire au village. La salle n’est pas trop sonore, Dieu merci. De longues tables de 16 personnes, chacun s’installe là où il veut, quand il arrive. Les repas sont à heure fixe mais les arrivées s’échelonnent sur une dizaine de minutes. Ainsi, au fur et à mesure, on comble les places libres. Nous ne sommes donc pratiquement jamais à côté des mêmes personnes. Et l’on découvre…..
Les coincés :
Un couple, le mari choriste (basse), la femme non. Agés. Ne disent pas un mot, ni aux voisins, ni entre eux, conversation animée autour d’eux…rien, niente, pas un sourire aux éclats de rire, aucun commentaire…J’ai essayé à deux ou trois reprises de lancer la madame dans une discussion…la flammèche s’éteint aussitôt ! Triste à mourir.
Les « jesuissûrdemoi »
Pleins d’assurance, tiennent le crachoir, avec eux pas besoin de se creuser le crâne pour chercher un sujet de conversation, ils en ont toujours, en général, eux-mêmes…Leurs phrases commencent la plupart du temps par « moi je… »
Au demeurant, ils peuvent se révéler pleins de ressources, de dynamisme, et quand on a dépassé la première réaction d’agacement, on les trouve sympathiques.
Il y en a une dans mon pupitre, allergique aux chiens que cela n’en est pas possible, mais qui, ayant un pied à terre de vacances dans les PO, me demande mon adresse pour « débouler chez moi » l’été, sur sa route…Ben oui, mais chez moi, j’ai au moins un chien sinon deux ou trois…… ??????? Qu’est-ce qu’on fait ???
Les « discrets »
Effacés, ils susurrent ; il faut se pencher par-dessus la table pour saisir leurs propos. La plupart du temps ils sont intéressants, mais malheureusement, ils n’interviennent pas souvent. Si vous avez la malchance de les trouver à côté d’un « jesuisûrdemoi » c’est fichu ! Ils vont la boucler pour le temps du repas !!
Les pires !
Les m’astuvujesaistout !
C’est le genre « Je suis sûr de moi » poussé à la caricature…Il y en avait deux comme ça, je te me les ai évitées un max, après les avoir supportées une fois. J’aurais bien apprécié les boules Quiès ce soir-là !! Notez le féminin pluriel ! C’étaient des bonnes femmes !
Toujours un avis sur tout, parlant constamment, fort, avec suffisance, n’hésitant pas à massacrer le voisin…A fuir !
Les « super sympas rigolos »
Toujours une anecdote plaisante à raconter, le sourire jusqu’aux oreilles…Un régal !
Quand on les a repérés, il ne faut plus les lâcher !
Je me suis trouvé ainsi une voisine de pupitre justement, ça tombait bien, qui chantait juste, fort, et bien : nous formions un excellent tandem !
De Montbéliard, elle a un accent à couper au couteau, grande, forte, costaude, coiffée en brosse tête de loup…Le soir du concert, je lui dis « Tu aurais pu te coiffer, tout de même ! »
Aussitôt, elle a hérissé un peu plus ses cheveux courts qui partaient déjà dans tous les sens et m’a rétorqué, royale et rigolarde : « c’est ma coiffure !! ».
Et moi, là-dedans ??
J’essaie d’écouter, j’essaie de placer mon mot, pas évident selon le voisin du jour !
Mais quelle richesse que ces
Ils sont éphémères, certes…
Pendant une semaine, nous créons des liens, sans savoir grand-chose de l’autre, mais c’est justement ce qui fait la richesse de ces rencontres.
On se fiche du milieu, du métier même, on en parle parce que c’est intéressant, mais cela ne compte pas.
Seul compte l’amour du chant choral que nous partageons et cette atmosphère amicale, chaleureuse…Que de fous rires partagés, de complicité !!
Comme disait Mary, une anglaise, habitant –devinez ! – Bédarieux, c’est « magique ! »
C’était une de nos colocataires de chalet, nous deux, deux rouennaises très sympas et notre Mary.
Nous la rencontrons, nous lui demandons, question incontournable, d’où elle vient, elle nous dit « Bédarieux »…
Nous avons cru qu’à cause de son accent épouvantable elle avait mal prononcé…Eh bien non !
Elle habite sur le causse, avec Bob, son mari.
Tous les matins, je tapais à sa porte à 7h parce qu’elle avait oublié son réveil !
Quelle longue bafouille !
J’ai essayé de mettre par écrit cette expérience très enrichissante. A renouveler.
Avec le même chef de chœur, un bavard, lui aussi, qui passait son temps à interrompre les répétitions pour nous raconter une anecdote qui, le plus souvent, nous laissait écroulés de rire ! Au moins, cela avait le mérite de nous détendre.
Il a une manie rigolote : chaque fois qu’il nous donne le numéro de la mesure où il faut reprendre, il cite le nom de la préfecture, de la sous-préfecture, et le nombre de cantons !!
On n’est pas fils de postier pour rien !
Il est du nord : il ne dit pas « soixante-dix-sept » mais « septante-sept » …faut suivre !
C'est le premier stage de chant choral que j'ai fait, il y a presque dix ans maintenant !
Passez une excellente journée.
LR