Hélas ! Les taxes ne sont pas d’aujourd’hui.
Contre la taxe sur les naissances : la révolte des Tard-Avisés
L’étincelle de la révolte ? La publication de l’édit de juin 1705 instituant un droit de contrôle sur les extraits des registres paroissiaux (baptistaires et mortuaires) déclenche des troubles en Navarre et en Béarn. En Quercy, où la misère est noire, ils naissent dès janvier 1707, autour du bourg des Arques. Dans le contexte d’une fiscalité envahissante, ce nouvel impôt alimente le mythe d’une taxe sur le droit à l’existence. Le 6 mars, l’affaire prend ici une tout autre dimension : 700 à 800 paysans se rassemblent à Catus (Lot) pour brûler le bureau de contrôle. Trente grenadiers du régiment de Normandie, envoyés sur place, battent en retraite pour se réfugier à Cahors le 10 mars. En Quercy, les bureaux de contrôle sont mis à sac les jours suivants. Au son du tocsin plus de 20 000 « Tard-Avisés », laboureurs à bras et artisans, convergent sur Cahors le 13 mars. Les prises d’armes d’étendent, au nord, au Périgord, comme à l’ouest, aux confins de l’Agenais. L’arrivée des dragons du régiment de Firmacon, accourus de Montauban, met fin à la révolte en mai après une rencontre en rase campagne où près d’une centaine de paysans restent sur le carreau, près de Sérignac (Lot). A la mi-juillet les derniers foyers d’insurrection sont éteints dans les paroisses proches du Causse de Gramat (Rocamadour, Calès et Carlucet) et jusqu’aux limites du Limousin (Puybrun). La vigueur de la répression militaire et l’importance des effectifs de troupes cantonnées dans tout le royaume étouffent une dynamique insurrectionnelle qui, un demi-siècle plus tôt, arrivait à se développer des mois durant. Les Tard-Avisés marquent le dernier soulèvement rural à une époque où la victoire de l’étatisme apparaît irréversible (Bercé, 1974, II, 524-533).
Vrai, mais un peu pour rire
A Messieurs de Montcuq, vous serez brimés.
Pour accroître leurs troupes, les révoltés menacent de mettre le feu aux villages et aux bourgades qui renâclent à s’engager. A Montcuq (Lot), au sud-ouest de Cahors, les habitants reçoivent un billet laconique qui ne laisse pas d’échappatoire :
Ce 14 mars 1707, Messieurs de Montcuq, vous êtes avertis que si vous ne faites pas cinquante hommes demain matin et remis à Mercuès, vous serez brimés1.
Signé : Rispe
( AN G7/396, d’après Bercé, 1974, II, 529)
1. Brimade: épreuve vexatoire