Le 8 novembre 1601, le petit village de La Vilueña (Espagne, Aragon, province de Saragosse) grelotte. L’hiver a fait son apparition et les habitants se préparent pour de longues semaines de froid.
De surcroît, l’atmosphère est morose : un habitant, Pedro de Goni, époux de Jeanne de Heredia, très aimé des villageois, vient de mourir.
La Vilueña n’a pas de sacristains. Ce sont deux enfants qui montent au clocher pour sonner le tocsin.
Lorsque les obsèques sont achevées, on demande aux deux enfants de descendre de la tour où ils ont joué en attendant la fin de la cérémonie. Mais l’un d’entre eux veut faire peur à son camarade. Il lui lance : « Que le mort t’emporte ! »
L’autre gamin est saisi d’effroi et s’enfuit en jetant sur le maître-autel de l’église la chandelle allumée qu’il tient. Son camarade ne prête pas attention, ferme la porte à clé et retourne chez lui.
A l’intérieur de l’édifice, la bougie se consume sur l’autel, la cire coule et les nappes s’enflamment. Les flammes attaquent le tabernacle et le retable en bois. Puis l’incendie se propage au plafond à caissons. Pour finir, le toit s’embrase.
Tous les villageois dorment paisiblement et personne ne s’aperçoit du désastre. Seul un homme de Munebrega (Espagne, Aragon) logeant au village cette nuit-là, sort dehors vers deux heures du matin pour voir si son cheval va bien. Il remarque une grande lueur.
Aussitôt il réveille les habitants en hurlant. Les premiers volontaires arrivent tenant des sauts d’eau. Mais le chœur de l’église est déjà rempli de braises.
On se met à prier et quelques-uns, tel le curé Piedro Colas, s’aventurent au milieu du brasier pour tenter de sauver le tabernacle.
L’abbé Colas réussit à s’en emparer et à le traîner à l’extérieur. Brûlé, quasiment détruit, il ne reste guère d’espoir de retrouver le Saint-Sacrement.
Après avoir ouvert ce qui reste du tabernacle, le prêtre reste stupéfait : le ciboire contenant l’eucharistie a disparu !
Le prêtre appelle du renfort. On s’active pour retrouver d’éventuels morceaux du ciboire parmi les charbons ardents et les cendres. En vain !
Quelques minutes plus tard, un villageois découvre l’ostensoir posé sur une brique, à une « distance de quinze pieds en ligne droite à partir du tabernacle », totalement épargné par le feu. A l’intérieur, les sept hosties (six petites et une grande), d’un blanc immaculé, ont été miraculeusement préservées.
Quelqu’un remarque alors qu’aucune des cruches ayant servi à circonscrire les flammes n’avait subi d’altération à la chaleur ou en tombant. Le lendemain, plusieurs guérisons sont alléguées.
Prévenu des faits, Mgr Diego de Yépes, évêque de Tarazona (Espagne, Aragon), ordonne que les hosties miraculeuses soient préservées dans un endroit digne. Plus tard, à l’occasion d’une visite pastorale, il a reconnu officiellement le miracle et consommé les hosties !
Une colonne sur un piédestal a été élevée sur le lieu où fut trouvé le ciboire. Les évêques diocésains ont accordé des indulgences aux pèlerins visitant l’église de La Vilueña et une confrérie du Saint-Sacrement a vu le jour. Chaque 9 novembre, on commémore le prodige.