Un jour de l’an 1010, le père Bernart Olivier, curé d’Ivorra (Espagne, Catalogne), célèbre la messe dans une petite chapelle dédiée à la Vierge Marie.
Après avoir prononcé les paroles de consécration, ce prêtre est subitement envahi par un doute : est-il vrai que sous ces apparences de pain et de vin se cachent le corps et le sang du Christ ? Est-il possible que des mots simples aient eu la puissance de faire descendre Jésus sur l’autel ? Et d’ajouter intérieurement : « C’est impossible ! C’est absurde ! »
A cet instant, le père manque de s’étrangler et pousse un cri : le sang de Jésus contenu dans le calice se met à « bouillonner », à emplir tout le récipient et à déborder sur les corporaux, coulant jusqu’au sol.
Les fidèles présents accourent jusqu’à l’autel et voient le phénomène. Les uns tombent à genoux tandis que les autres crient au miracle.
Deux heures plus tard, saint Ermengol (+ 1035), évêque de la Seu d’Urgel (Espagne, Pyrénées catalanes), diocèse d’où dépend à cette époque le village d’Ivorra, arrive sur place. Comme chacun, il est émerveillé par l’événement. Il observe en silence le calice et les corporaux maculés de sang pendant de longs moments.
Devant se rendre à Rome (Italie), il prend avec lui ce calice et ces linges liturgiques qu’il glisse avec un soin extrême dans ses bagages.
Après un voyage éprouvant, il rencontre le pape Serge IV à qui il montre les précieuses reliques eucharistiques. Le Souverain pontife se montre enthousiaste et après réflexion décide de garder à Rome calice et corporaux, en échange de quoi il confie à saint Ermengol d’insignes reliques qui sont conservées derrière le maître-autel de la chapelle d’Iborra, dans un reliquaire, lui-même protégé dans une niche grillagée : un fragment du doigt de l’apôtre saint André, une relique de saint Pierre, un morceau de l’anneau de sainte Catherine de Sienne…
Enfin, Serge IV a promulgué ensuite une bulle décrétant l’authenticité des faits.
A la fin du XVIe siècle, le comte de Cardona, seigneur d’Ivorra, et le curé de l’époque, Arnaud de Salabert, demandent au cardinal de Foix, nonce apostolique, de confirmer les indulgences et privilèges accordés par la bulle de Serge IV.
Le 17 avril 1476, le cardinal envoie l’abbé du monastère Saint-Vincent de Cardona à Ivorra pour étudier les reliques. Mais ce dernier meurt avant d’avoir rempli sa tâche. Son successeur, le prieur de l’abbaye Saint-Vincent, émet peu après un avis favorable. Le cardinal-légat confirme alors le miracle que l’on désigne sous le nom de « saint doute».