Bourges (Cher), 1628. Une épidémie de peste frappe la ville et la région. C'est l'affolement parmi les habitants dont nombre d'entre eux trouvent refuge dans les églises et les couvents.
Les Visitandines de la ville ont l'idée d'installer une sorte de dispensaire dans un local situé au fond du jardin de leur communauté, afin d'accueillir les personnes contaminées. Si celles-ci voulaient se confesser, l'aumônier se rendait sur place mais gardait toutes ses distances ; la communion eucharistique soulevait évidemment de grosses difficultés.
Une sœur Visitandine est victime de la peste. Contrainte à l'exil dans cette infirmerie improvisée, elle soupire en pensant qu'elle va mourir sans pouvoir communier. « Puis-je au moins voir de loin Celui à qui je me suis donnée », pense-t-elle nuit et jour.
La pauvre malade confie son ardent désir aux autres religieuses en hurlant par la fenêtre du local. La demande est amenée à la mère supérieure du couvent qui accepte immédiatement.
Une procession est organisée, au cours de laquelle les religieuses, un cierge à la main, suivent l'aumônier portant le Saint-Sacrement qu'il dépose sur un petit autel dressé dans le jardin, à une certaine distance des pestiférés. Tout le monde chante avec ferveur et émotion. Agenouillée, les mains croisées sur la poitrine, la sœur malade attend la bénédiction.
Les chants ont cessé. Le prêtre, debout, s'apprête à saisir la sainte hostie lorsque celle-ci lui échappe des mains, voltige dans les airs et vient se placer sur l'appui de la fenêtre, presque entre les mains de la sœur mourante. Celle-ci communie aussitôt, prie pendant de longs instants, recueillie, immobile, puis s'affaisse sur le sol. Elle vient de naître à la vie éternelle.
En mémoire de ce miracle, les sœurs ont fait tailler la pierre d'appui de la fenêtre, de façon à faire apparaître en relief une belle croix de Malte.