Un matin de 1294, une dame, habitante de Gruaro, près de Portogruaro (Italie), dans la plaine du Frioul, descend au lavoir public pour laver quelques nappes de l'église paroissiale du village. Elle a l'habitude et ne manque aucune occasion de rendre service au curé.
Tandis qu'elle frotte l'une des nappes en lin, elle voit brusquement ce tissu devenir rouge sang. Stupéfaite, elle s'arrête de frotter et cherche à comprendre l'origine du phénomène. Elle se rend compte bientôt que le « liquide » rougeâtre coule d'une hostie qui est cachée dans les plis de la nappe.
La brave femme s'empresse de prévenir le prêtre qui aussitôt se rend sur place. Il ne peut que constater le prodige. Il s'agenouille et prie le Seigneur de l'éclairer.
Le curé prévient ensuite les gens présents et tous improvisent une procession pour ramener la nappe miraculeuse à l'église.
Le lendemain, le curé informe l'évêque de Concordia-Pordenone, Mgr Giacomo d'Ottonello da Cividale. Celui-ci demande une expertise dont les conclusions positives le conduisent à demander le transfert de la pièce de lin jusque dans la cathédrale de Concordia.
Le 25 mars 1454, un rescrit du pape Nicolas V promulgua des indications pour la construction d'une nouvelle église à Gruaro, dédiée au Très-Saint-Corps-du-Christ. Le texte prévoyait que la nappe « qui montre clairement le sang miraculeux de Notre Seigneur Jésus-Christ » soit conservée en ce lieu.
Aujourd'hui, la relique est conservée à l'intérieur d'un cylindre de cristal, lui-même partie intégrante d'un reliquaire en argent datant de 1755, qui repose sur un autel spécialement conçu pour cette fonction.
La partie conservée du tissu est pliée en trois morceaux ; tout observateur peut voir deux taches de couleur « jaunâtre » avec « de petits points sombres ».
La tache qui a imprimé l'étoffe a un diamètre de six centimètres. La seconde s'est formée par superposition du tissu à cette première tache.
La relique est exposée le Jeudi-Saint, le dimanche qui suit la Fête-Dieu et le deuxième dimanche de septembre.