Le 20 juillet 1568, Jean Prats, français établi à Alcoy (Espagne), teinturier de métier, pénètre par effraction dans l'église paroissiale et vole des objets liturgiques dont un coffre d'argent contenant trois hosties consacrées.
Le lendemain, le curé s'aperçoit du délit et alerte la population pour rechercher les saintes hosties.
Mais dans les heures qui suivent, personne ne trouve rien. Les soupçons se tournent alors vers Jean Prats car à Alcoy, tout le monde se connaît et personne n'est jugé capable d'accomplir un tel méfait.
Le logement du français est donc perquisitionné, en vain : on n'y trouve rien. Les responsables municipaux décident cependant d'arrêter l'étranger pour l'interroger.
Dans la soirée du 31 janvier, un homme nommé Jean Estève demande aux magistrats de la ville de faire une nouvelle perquisition chez Jean Prats.
Cette fois, on découvre un objet sacré en remuant le fumier de l'étable. Un peu plus tard, on trouve les autres biens volés enveloppés dans des haillons. Dans le coffre, les trois hosties sont encore là.
On interroge prestement le teinturier. Celui-ci s'exclame : « C'est un miracle de Dieu ! », puis d'expliquer qu'il est bien le voleur recherché, et qu'avant de dissimuler le coffre liturgique, il en avait extrait trois hosties, qu'il avait déposées sur une table avant de les manger toutes les trois ! Celles-ci étaient ainsi réapparues de façon inexplicable.
Plusieurs documents historiques évoquent ce miracle. Parmi eux, un texte signale que les soupçons portés à l'encontre du teinturier ont une origine surnaturelle : au-dessus de l'atelier de Jean Prats vivait une veuve, femme pieuse et charitable. Celle-ci priait pour l'issue positive des recherches devant une statuette de l'Enfant-Jésus lorsqu'elle vit le bras de celui-ci changer de position : d'abord dirigé vers le ciel, celui-ci s'inclinait à présent vers le sol, et deux doigts de sa main semblaient désigner un endroit précis sur la terre, vers lequel son regard se dirigeait.
La statuette est encore vénérée au couvent des Sœurs du Saint-Sépulcre, fondé peu après le miracle, à l'emplacement de la maison de Jean Prats.