Laïque malgache, Victoire naît dans une famille influente d'Antananarivo (Madagascar), dans un contexte de persécutions contre les chrétiens. Enfant, elle participe aux cultes traditionnels de l'île.

En 1861, le roi Radama II accède au trône et les sœurs de Saint-Joseph de Cluny font leur retour dans le pays. Sans comprendre pourquoi, Victoire fréquente parfois leur communauté où elle découvre l'évangile, sans cesser toutefois les cultes traditionnels.

Un jour, elle entre nonchalamment dans une église en mangeant un fruit. Subitement, ses yeux se « fixent sur le tabernacle », dont elle ignore encore la fonction. « Je me suis rendue compte que quelqu’un me regardait », témoigne-t-elle. Se retournant pour savoir si quelqu'un se tenait derrière elle, se rendit à l'évidence : elle était bien seule.

Elle a presque fini de savourer son fruit lorsqu'elle constate à nouveau une « présence », mille fois plus forte que celle d'un être humain. Sans rien entendre, un sentiment de honte, jamais ressenti avant, l'envahit : le tabernacle  lui a fait comprendre en une seconde qu'elle mange dans un lieu de prière, en présence du Christ.

Elle jette aussitôt le fruit, s'agenouille et balbutie une prière. « Dès lors, explique-t-elle, sont nés en moi l’amour et le respect pour Jésus dans le tabernacle ».

Victoire, apôtre de la charité dans son pays, a été béatifié par saint Jean-Paul II en 1989.