Le 23 juin 1475, le père Barthélémy Sane, vicaire d'Aguaviva (Espagne), consacre une grande hostie pour la procession du Saint-Sacrement prévue le lendemain, jour de la Fête-Dieu. Il la dépose ensuite dans le tabernacle du maître-autel de l'église du bourg, à l'intérieur d'une boîte en argent, avec trois hosties plus petites.
La nuit suivante, un incendie effroyable ravage toute l'église. Malgré les nombreux efforts de la population pour circonscrire les flammes, tout est parti en fumée.
Le surlendemain, alors que les décombres fument encore, le vicaire tente de se frayer un chemin vers les quelques débris du maître-autel. Tout est désolation, soupire le prêtre. Pendant trois jours, il fouille comme il peut, espérant retrouver les saintes hosties. En vain : elles restent introuvables.
Après trois jours de recherche infructueuse, il retourne se reposer quelques heures au presbytère, et demande à un enfant de chœur d'Aguaviva de monter la garde devant ce qui reste de la porte de l'édifice jusqu'à son retour.
Peu après, le jeune garçon voit s'approcher de lui trois hommes « à l'aspect vénérable » qui, malgré sa recommandation, s'engouffrent dans l'église. L'enfant de chœur se précipite chez le vicaire qui vient immédiatement en compagnie d'un ami prêtre.
Mais les trois inconnus ont disparu quand ils parviennent sur place.
A cet instant, le regard du père Sane est attiré par « quelque chose » sur la table de l'autel. Il s'approche, muet de stupeur : la grande hostie destinée à la procession est là, pliée en deux ; elle renferme les trois petites. Toutes sont de couleur sang...
L'archevêque de Saragosse,, tenu au courant des faits, ordonne une enquête canonique. Celle-ci aboutit à un résultat positif. Trois phénomènes différents sont consignés dans les rapports : les hosties ont été retrouvées de manière inexplicable ; leur état avait évolué depuis le jour de l'incendie : du sang s'était écoulé de leurs surfaces ; elles sont restées dans un parfait état d'incorruption jusqu'à nos jours. Elles sont conservées dans un reliquaire d'or sur lequel a été gravée l'inscription : « Amor me lo fay fer » (L'amour me l'a fait faire).
A l'été 1475, les habitants d'Aguaviva ont cru que les trois inconnus aperçus par l'enfant de chœur n'étaient autres que saint Pierre, saint Paul et saint Laurent, tous les trois titulaires de l'église, venus eux-mêmes retrouver les hosties perdues.