Nièce du pape Clément VII par sa mère, la princesse Marguerite de Savoie songe dès l'enfance à tout quitter pour servir Dieu.
Sur le conseil de saint Vincent Ferrier, elle entre dans le tiers ordre de saint Dominique et organise, dans son palais d'Albe (Italie), une communauté vouée à la prière et à l'ascèse. Elle obtient la direction de l'hôpital de la ville, où elle accomplit les tâches les plus basses auprès des malades.
Un soir, Marguerite aperçoit une silhouette masculine étrange dans son palais. Pensant d'abord qu'un inconnu s'est introduit sans se faire remarquer, elle l'interroge d'une voix forte : « Que fais-tu là ? » - « Je garde une de tes filles qui a depuis longtemps sur la conscience une faute dont elle ne se confesse pas. Je la tiens, elle est sous ma griffe, elle ne m'échappera pas. » Sur ces paroles, le diable disparaît en poussant un éclat de rire qui glace les sens de Marguerite.
Celle-ci réunit aussitôt la communauté, raconte sa vision, et exhorte ses religieuses à s'examiner devant Dieu avec le plus grand soin.
Toutes mettent à profit l'avis salutaire, à l'exception d'une seule : une sœur qui avait commis un péché grave et qui refusait de se confesser. Celle-ci s'écrie : « Oh ! non, cette parole n'est point pour nous. Satan est le père du mensonge ; toutes, nous avons la douce confiance d'être en paix avec Dieu. »
Or, peu après, l'infortunée sœur tombe gravement malade et meurt.
Marguerite prie sans cesse pour la défunte. Elle se souvient de l'apparition diabolique quelques jours auparavant lorsqu'elle reçoit de Dieu, sous forme de locution intérieure, l'assurance que ses prières ont sauvé la pauvre défunte.
Marguerite a été béatifiée par le pape Clément IX en 1669.