SAINT JACQUES L’INTERCIS
Jacques était originaire de la ville de Beth-Lapéta en Perse (aujourd’hui Gundishapur en Iran). Il était célèbre par sa naissance, ses richesses et la place qu’il occupait auprès du roi. Bien que chrétien, lorsque le roi eut décidé de déclarer la guerre aux chrétiens, Jacques le suivit lâchement. Sa mère profondément affligée lui écrivit une lettre en lui disant qu'elle ne voulait plus avoir de commerce avec lui puisqu'il avait apostasié.
Cette lettre eut un effet bénéfique, car il se rendit compte de l’énormité de sa conduite. Il s’éloigna de la cour et renonça pour toujours aux avantages de sa position qui avaient occasionné sa perte. Informé de ce changement, le roi le fit paraître devant lui. Jacques lui confessa sa position de chrétien. Le roi lui reprocha son ingratitude et les avantages dont son père l’avait comblé. Au nom du père du roi, Jacques répondit :
- Où est maintenant ce prince ? Qu’est-il devenu ?
Ces paroles mirent le roi en colère. Il le menaça d’une mort cruelle et prolongée.
- Toute espèce de mort n’est qu’un sommeil. Puis-je mourir de la mort des justes !
Le roi Vararanes :
- La mort n’est point un sommeil; elle est un objet de terreur pour les grands et pour les rois.
- Oui, sans doute, elle effraye les rois et tous ceux qui méprisent la divinité, parce que l’espérance des méchants périra.
Vararanes prenant ces paroles pour lui :
- Quoi, misérable tu nous appelle méchants, toi qui n’adores ni le soleil, ni la lune, ni le feu, ni l’eau, ces illustres productions de la divinité ?
- Je ne prétends pas vous outrager en vous accusant ; mais je dis que vous donnez aux créatures le nom incommunicable de Dieu.
Le roi de plus en plus en colère convoqua ses ministres et les juges de l’empire pour délibérer afin de savoir quel genre de mort on allait imposer à Jacques. La sentence fut le chevalet et le démembrement. Toute la ville se rua pour voir le supplice et les chrétiens se mirent en prières.
Arrivé au lieu de son supplice, Jacques demanda un instant de répit. Il se mit à genoux vers l’orient et se mit à prier. Les bourreaux s’approchèrent de lui. Le peuple connaissant sa haute position lui demandait de renoncer, mais il leur répondit :
- Cette mort est bien peu de choses lorsqu’il s’agit de se procurer la vie éternelle ; puis s’adressant aux bourreaux qui lui avaient coupé le pouce droit, il fit cette prière : Sauveur des Chrétiens recevez cette branche de l’arbre. Il est vrai que cet arbre pourrira ; mais il reprendra sa verdure, et je suis assuré qu’il sera couronné de gloire.
Le juge qui assistait au supplice ne put retenir ses larmes et il lui dit de donner tous ses biens aux pauvres, mais de ne pas mourir de cette manière ; Jacques restait inflexible dans sa résolution. Alors que les bourreaux lui coupaient l’index, il s’écria :
- Mon coeur s’est réjoui dans le Seigneur, et mon âme a été transportée dans le salut qu’Il m’a procuré. Recevez Seigneur cette autre branche.
Les bourreaux le découpèrent petit à petit en morceaux jusqu’ à ce que mort s’ensuive. Il leur disait :
- Maintenant que vous avez coupé toutes les branches découpez le tronc !
Le genre de supplice qu’il souffrit lui fit donner le surnom d’Intercis. Son martyre eut lieu en 421, l’an 2 du règne de Vararanes. Les chrétiens versèrent une somme énorme pour récupérer le corps, mais on refusa de le leur donner. Par la suite ils dérobèrent le corps, rassemblèrent les morceaux et les enfermèrent dans un coffre ou une urne.
Son nom est célèbre chez les Perses, les Syriens, les Coptes les Grecs et les Latins.
1. La mort de Sapor II, arrivée en 380, mit fin à la grande persécution Perse qui dura quarante ans. Ses successeurs furent plus cléments avec les chrétiens : Artaxercès II, Sapor III, Vararanes IV et Isdeberge Ier. Isdegerbe sous les conseils de Saint Maruthas laissa les chrétiens tranquilles.