SAINT AUGUSTIN DE CANTORBERY
Apôtre de l’Angleterre
Les Bretons se réfugièrent dans les montagnes lorsque les Saxons, les Angles et les Jutes, peuples idolâtres de Germanie, envahirent l’île de Bretagne [Grande Bretagne]2. Il y avait environ cent cinquante ans qu’ils étaient maîtres du pays lorsque le ciel fit briller en eux la lumière de l’évangile1.
Avant son pontificat, Saint Grégoire le Grand avait formé le projet d’aller leur annoncer la foi ; mais il ne put s'y rendre, le peuple de Rome ayant refusé de le laisser partir. Lorsqu’il fut élu pape, son premier soin fut d’envoyer des missionnaires dans cette partie de l’héritage du Seigneur. Il envoya Augustin, (Austin ou Augustine en anglais), alors prieur du monastère Saint André de Rome. Accompagné de plusieurs disciples, Augustin s’en alla vers ces contrées lointaines et païennes. Après quelques jours de marche, ils arrivèrent à Aix en Provence. Là, plusieurs personnes les effrayèrent, évoquant la cruauté des Anglais : il ne fallait pas y aller sauf si l’on voulait mourir. ! Augustin consulta le pape qui lui dit que c’était le démon qui le retenait :
- Laissez dire les hommes et faites votre devoir de missionnaire.
Continuant leur chemin, parcourant la France, ils prirent quelques interprètes et s’embarquèrent. Leur vaisseau aborda l’île de Thanet (sud-est de l’Angleterre dans le Kent) en 596. Ils étaient environ quarante en comptant les interprètes.
Dès qu’ils eurent débarqué en Angleterre, Augustin envoya dire à Ethelbert, roi du Kent, qu’il venait de Rome lui apporter une heureuse nouvelle et lui assurer, de la part de Dieu, la possession d’un royaume qui n’aura pas de fin. Le roi fit dire aux missionnaires de rester dans l’île ; il expédia en même temps un ordre pour qu’on leur fournît toutes les choses nécessaires à la vie, jusqu’à ce qu’il eût délibéré sur le parti à prendre. Ethelbert, le plus puissant de tous les souverains de l’Heptarchie, avait au moins une idée du christianisme. En effet, il avait épousé Berthe, fille de Caribert roi de Paris. Cette princesse chrétienne avait emmené avec elle le saint évêque Luidhard (ou Létard), son aumônier et directeur de conscience.
Quelques jours après, le roi se rendit à l’île de Thanet et s’assit pour donner une audience. Il croyait ainsi qu’il courait moins de danger qu’en restant dans sa demeure au cas où Augustin aurait voulu employer de la magie. Les religieux allèrent trouver le roi en procession avec une bannière ornée d’une croix d’argent et une image du Sauveur peinte sur un panneau de bois. En marchan,t ils chantaient les litanies et récitaient des prières pour le succès de leur entreprise.
Arrivés près du roi, ils lui annoncèrent les paroles de vie. Le roi les écouta attentivement et leur dit que leur discours était beau et qu’ils lui faisaient de magnifiques promesses ; que jamais on ne lui en avait fait de telles, mais qu’il était peu sûr de leur réussite. Il ajouta que, puisqu’ils étaient venus de si loin, il empêcherait qu’on les atteignent dans leur intégrité et qu’il leur permettait de prêcher. Il leur donna de quoi subsister et voulut qu’ils demeurassent à Cantorbéry, capitale de ses états.
Les saints missionnaires s’établirent à Cantorbéry et s’installèrent dans une ancienne église dédiée à Saint Martin que les Bretons avaient abandonnée et où la reine venait faire ses dévotions. Là, un grand nombre de personnes furent converties et baptisées. Le roi se convertit aussi, suivi d’un grand nombre de ses sujets.
Saint Augustin se rendit ensuite auprès de Virgile d’Arles, qui le sacra évêque. Deux raisons semblent avoir déterminé Augustin à faire un si long voyage. Premièrement, Virgile était vicaire du saint siège dans les Gaules et deuxièmement, Augustin voulait consulter l’évêque d’Arles au sujet de sa mission en Angleterre car Saint Grégoire l’avait recommandé à l’évêque des Gaules.
Augustin fut sacré évêque en 597 et baptisa Ethelbert la même année. La lettre de Saint Grégoire concernant la mission en Angleterre est datée du 23 juillet 596. Saint Grégoire a écrit à l’évêque d’Alexandrie,en 598, qu’à la dernière fête de la Nativité, plus de dix mille personnes ont été baptisées chez les Anglais.
De retour chez les Anglais, Augustin envoya à Rome Pierre et Laurent pour demander plus de prêtres. Ils lui ramenèrent Mellit, Juste, Paulin, qui furent par la suite nommés évêques, et Rufinien, qui fut le troisième abbé du monastère de Saint Augustin. A cette colonie de nouveaux missionnaires, le pape Grégoire envoya tout ce qui était nécessaire pour la liturgie : vases sacrés, ornements, nappes, parements d’autels et d’églises, ainsi que des vêtements pour les religieux, sans oublier les reliques des apôtres et des martyrs, ainsi que des livres.
Il s'établit une correspondance nourrie entre Augustin et le pape Grégoire, où le pape recommandait de détruire les idoles et d’employer souvent de l’eau bénite pour purifier les temples, puis ériger des autels et y déposer des reliques. En un mot, pour mettre les restes du paganisme au service de Dieu.
De son côté, le roi Ethelbert travailla aussi les vingt dernières années de sa vie à éradiquer le paganisme en éditant des lois en faveur du christianisme et contre le culte des idoles. Il fit fermer tous les temples restés païens. C’est ainsi que la cathédrale de Cantorbéry fut érigée sur les ruines d’un temple. Il fonda aussi hors les murs, l‘abbaye de Saint Pierre et Saint Paul qui prit ensuite le nom de Saint Augustin, ainsi que l’église de Saint André à Rochester etc. Le roi des Saxons Orientaux, Sébert, vint aussi à se convertir ; mais ils eurent moins de chance avec ce roi des Est-Angles : s’il se convertit, il finit par agir comme un Samaritain.
En 600, Saint Grégoire envoya des présents à Ethelbert et, par une lettre, le félicita de son zèle pour la religion, lui assurant qu’il serait certainement sauvé. Ethelbert mourut en 616 après avoir régné cinquante-six ans et fut enterré dans l’abbatiale Saint Pierre et Saint Paul. Il est nommé dans le martyrologe romain le 24 février. Cette même année l’an 600, Augustin reçut le pallium du pape avec le pouvoir d’ordonner des évêques métropolitains.
Augustin reçut de Dieu le don des miracles. Il sacra Mellit évêque de Londres ou des Saxons-Orientaux et Juste évêque de Rochester. Ayant converti la quasi-totalité de la Grande-Bretagne, Augustin se tourna vers le Pays de Galles où s’étaient réfugiés les Bretons, peuple farouche et irréductible qui donna du fil à retordre à Augustin, car bien que chrétiens, ils avaient la haine des Anglo-Saxons. Pour les convaincre de se laisser faire, Augustin convoqua tout le clergé breton lors d’un concile. Il demanda d’amener un malade incurable ; celui qui le guérirait aurait le pouvoir de convertir les autres. Les Bretons acceptèrent le défi et un aveugle fut amené. Les prêtres bretons ne réussirent pas à lui rendre la vue, mais Saint Augustin, se mettant à genoux, implora le Seigneur et rendit la vue à l’aveugle ; cependant les Bretons dirent qu’il n’était pas possible d'abandonner toutes leurs superstitions. Ils restèrent partiellement dans leurs coutumes semi-païennes. Saint Augustin leur prédit alors qu’ils pâtiraient de la colère de Dieu. En effet, Ethilfrid roi des Anglais du nord, encore païens, vainquit les Bretons lors de la fameuse journée de Caerleon ou Chester où il massacra plus de 1200 Bretons, religieux ou non, dans le monastère de Bangor. Tous n’étaient pas coupables bien entendu.
Avant de mourir notre saint évêque désigna Laurent comme son successeur sur le siège de Cantorbéry. Saint Augustin mourut la même année que Saint Grégoire en 604.
1. Ptolémée place, après les Cimbres, les Saxons, lorsqu’ils commencèrent à être connus des Romains. Grotins prouve, dans son histoire des Goths, qu’ils avaient une origine commune avec les Gètes ou Goths qui passèrent de la Suède en Germanie ; il fait voir en même temps que ce furent des Gètes de Scythie qui fondèrent la nation gothique. Les grammaires des anciennes langues septentrionales, publiées par Hikes, ne permettent pas de douter que la langue anglo-saxonne soit dérivée de celle des Gètes de Scythie, laquelle était celtique dans son principe. Pelloutier établit comme un fait certain que la langue des Celtes passa de la Scythie en Asie durant les émigrations des premières colonies de ces peuples et qu’elle devint le fondement et l’origine de la teutonique et de celles qui se parlaient anciennement dans les Gaules, la Scandinavie, la Bretagne et dans presque toute l’Europe. (M. Mallet en excepte le sarmate et le grec, dérivées en partie de l’égyptien et le latin dérivé en partie du grec.) Cette ancienne langue celtique s’est conservée presque entière dans les pays qui n’ont jamais été soumis aux Romains, surtout en Irlande et dans le nord de la Suède. Le teutonique ou gothique du quatrième et du cinquième siècle a de l’affinité avec le gallois, le bas-breton, le basque et paraît en avoir aussi un peu avec l’irlandais. On croit que l’ancienne langue étrusque était un dialecte de la langue celtique. Le français moderne et l’espagnol, quoique dialectes du latin, ont encore plusieurs mots de cette même langue. Le danois, le norvégien et le suédois sont évidemment des dialectes du celtique et ont beaucoup de rapport avec l’allemand, surtout avec celui qui se parle dans la Basse-Allemagne. Les colonies asiatiques de Scythes qui, sous la conduite d’Odin ou Woden, s’établirent dans les provinces méridionales de la Scandinavie et dans le nord de l’Allemagne, y introduisirent en même temps un dialecte du celtique, mais plus doux que les autres ; il y ajoutèrent quelques nouveaux mots et de nouvelles terminaisons. Cette langue était celle des Anglo-Saxons.
Les Anglo-Saxons apportèrent en Angleterre le culte des idoles des Goths, lesquelles ne diffèrent pas de celles qu’adoraient les Danois, les Suédois et les Norvégiens, peuples qui avaient tous une origine commune. Voici les noms de ces principales idoles :
Thor, dieu du tonnerre, dont les fonctions ressemblaient à celles du Jupiter des Romains ; c’est de lui le jour appelé thursday par les Anglais et jeudi par les Français
Woden, dieu de la guerre, du nom duquel on a formé le mot wednesday qui est le même que notre mercredi
Friga ou Frea, femme de Woden et déesse de l’amour, comme Vénus l’était chez les latins, a donné le nom de friday ou vendredi.
Il paraît que Verstegan se trompe en dérivant le mot tuesday, mardi, de tuisco, dieu particulier des Germains ; il vient plutôt de Tys, fils de Woden, dont les Islandais ont formé leur Tysdag qui répond au Tuesday des Anglais ; il peut encore venir de Dysa ou Thija, femme de Thor et déesse de la justice, à laquelle on bâtit plusieurs temples en Suède et au Danemark.
Etc.
2. C'est à partir de cette période que les Bretons émigrèrent vers le Massif Armoricain.
SAINT PHILIPPE DE NERI
Fondateur de la Congrégation de l’Oratoire en Italie
(v. 2020)
SAINT EULETHERE
Pape + en 192
SAINT QUADRAT
Evêque d’Athènes
SAINT PRISQUE et SAINT SCOT
Martyrs dans l’Auxerrois en 273
SAINT ODUVALD
Abbé en Ecosse, + en 698