SAINT PIERRE
Pierre est né dans le Dauphiné de parents vertueux. Il fit de brillantes études dans les sciences. A l’âge de vingt ans il quitta le monde et alla prendre l’habit dans le monastère qui avait été fondé en 1117 à Bonnevaux (Abondance en Haute Savoie) dans l’archidiocèse de Vienne.
Les religieux de ce monastère avaient été formés par Saint Bernard de Clairvaux. Pierre embrassa toutes les rigueurs de cette vie monastique. Ses parents, après avoir élevé quatre enfants, entrèrent également en religion. Son père et ses deux frères entrèrent à Bonnevaux, sa mère et sa sœur choisirent les Cisterciennes qui étaient dans le voisinage.
Il y avait un an que Pierre était dans son monastère lorsque dix-sept hommes vinrent se présenter à l’abbé de Bonnevaux pour y faire profession. De ce nombre était Amédée (voir le supplément) proche parent de l’empereur Conrad III. Amédée se retira à Cluny pour y veiller à l’éducation de son fils puis il revint à Bonnevaux. Il voulait être employé aux plus basses tâches. Un jour le comte d’Albion, son oncle, vint le voir et devant le spectacle de la condition de son neveu, il quitta Bonnevaux plein d’admiration. Il en parla à la cour et c’est ainsi que sous l’égide d’Amédée furent fondés quatre abbayes de son ordre parmi lesquelles figure l’abbaye de Tamié au diocèse de la Tarentaise (diocèse supprimé à la Révolution). Il fit nommer comme premier abbé Pierre, son ami intime, qui n’avait pas encore trente ans. Pendant que les monastères se bâtissaient, Amédée aidait les ouvriers. Il mourut à Bonnevaux en odeur de sainteté en 1140. Son fils nommé aussi Amédée passa quelques années à la cour impériale puis prit ensuite l’habit à Clairvaux sous Saint Bernard et mourut évêque de Lausanne en 1158.
A Tamié, Pierre, avec l’aide d’Amédée III comte de Savoie fonda dans l’abbaye un hôpital pour les étrangers pauvres et malades.
Le siège archiépiscopal de Tarentaise étant devenu vacant, le saint abbé de Tamié fut élu en 1142 pour le remplir. Il devait remplacer un « mercenaire » nommé Israël qui avait fait beaucoup de tort au diocèse et avait été déposé pour sa mauvaise conduite.
Les églises paroissiales et les dîmes étaient aux mains des laïcs et le clergé était aussi corrompu que le peuple dans les crimes et la perversité. Le nouvel archevêque en pleurait de voir tant de désordres. Il garda ses vêtements et l’austérité de moine et ne changea rien à ses dévotions. Il commença la visite de son diocèse en pourvoyant des prêtres aux paroisses qui en manquaient.
Au chapitre de la cathédrale, les chanoines négligeaient tous les services divins ou presque. Bientôt, Pierre remit de l’ordre dans tout cela. Les dîmes et revenus ecclésiastiques furent de nouveau dans des mains honnêtes. Il institua un établissement pour instruire la jeunesse et soulager les pauvres. Il fit réparer les églises et, Dieu lui ayant donné le don des miracles, il fut regardé comme un nouveau Thaumaturge.
Mais les honneurs qu’il recevait n’étaient pas à son goût, il prit alors la résolution de quitter le monde : un jour de 1155 il disparut après treize ans d’épiscopat et avoir rétabli l’ordre dans son diocèse. Il choisit comme lieu de retraite un monastère de Cisterciens en Allemagne où personne ne le connaissait. Ses paroissiens ressentirent une vive douleur et firent des recherches un peu partout mais sans succès ; mais, la Providence veillait et un jeune homme qui avait été instruit par lui, arriva au monastère où il était caché. Ayant observé les moines lorsqu’ils sortaient de l’abbatiale, il reconnut son évêque et l'annonça à toute la communauté. Les moines se jetèrent à ses pieds pour lui demander sa bénédiction ; mais lui ne voulait que fuir dans un autre lieu. Cependant ils le dissuadèrent de le faire. Pierre dut retourner dans son diocèse où il fut reçu avec joie par ses fidèles.
Il reprit sa place avec plus d’ardeur en soulageant les pauvres pendant les mois d’hiver et en créant des hôpitaux dans les Alpes pour les pauvres, et les voyageurs qui souvent mouraient de misère.
Suivant le Règle de Cîteaux, il gouvernait en paix et évita souvent des guerres en réconciliant les princes.
L’Eglise était alors déchirée par le schisme. L’empereur Frédéric Ier soutenait l’antipape Octavien, dit Victor III, et ne voulait pas reconnaître Alexandre III. Pierre de Tarentaise fut presque le seul à se déclarer pour le pape légitime. Il prit son parti dans plusieurs conciles et même en présence de Frédéric. Ce dernier ne s’offensa pas de la prise de position du prélat, étant donné le respect qu’il avait pour sa sainteté et il écouta ses conseils.
Non content de tout le bien qu’il avait fait dans son diocèse de Tarentaise, Pierre alla annoncer la parole de Dieu en Alsace, en Bourgogne, en Lorraine et en diverses régions d’Italie.
La guerre ayant éclaté entre le roi de France et le roi d’Angleterre en 1170, le pape chargea le prélat de la réconciliation. Malgré son grand âge, il prêchait dans tous les lieux où il passait. Louis VII envoya à sa rencontre ses principaux seigneurs pour bien le recevoir. Il rendit la vue à un aveugle devant le comte de Flandres et plusieurs autres seigneurs de la cour qui étaient présents. Le roi à qui l’on rapporta les faits reconnut qu’il y avait eu un miracle.
De Paris, Pierre se rendit à Chaumont sur les confins de la Normandie. Henri II, roi d’Angleterre, vint au-devant de lui. Ce prince descendit de cheval et se prosterna devant lui. Le peuple lui déroba son manteau pour le mettre en morceaux, persuadé que chaque petite partie opérerait un miracle, mais le roi leur enleva et la garda tout entier pour lui en disant :
- J’ai vu moi-même opérer des guérisons miraculeuses par la vertu de sa ceinture que je possède déjà.
Le mercredi des Cendres de 1171, Saint Pierre était dans l’abbaye de Mortemer en Normandie. Le roi Henri s’y rendit avec toute sa cour pour recevoir les cendres de sa main.
Par son habileté, Pierre obtint des deux rois un traité de paix. Ils feraient tenir des conciles dans leurs états afin qu’Alexandre y fût reconnu solennellement comme pape légitime.
Les problèmes résolus, Pierre retourna dans son diocèse. Quelque temps après, le pape renvoya Pierre vers le roi d’Angleterre pour le réconcilier avec son fils ; mais cette entreprise n’eut pas le succès attendu. Sur le voyage de retour en Savoie, Pierre tomba malade et mourut dans l’abbaye de Bellevaux de l’Ordre de Cîteaux au diocèse de Besançon. Il était âgé de 75 ans. Le pape Célestin III le canonisa en 1191.
Pour voir les reliques de Saint Pierre de Tarentaise, allez sur le site: Abbaye Notre-Dame de Tamié.
L’APPARITION DE SAINT MICHEL
(v. 2020)
SAINT VICTOR
Martyr à Milan en 303
SAINT ELADE
Quatrième évêque d’Auxerre + vers 385
SAINT BEAT
Anachorète près de Vendôme Vè siècle
SAINT DESIRE
Evêque de Bourges, + en 550
SAINT WIRON
Evêque Irlandais, VIIè siècle
SUPPLEMENT
Très souvent les grands personnages, en un mot les saints, sont issus de lieux très connus, abbayes, villes, etc. ; mais certains qui nous sont proches viennent d’endroits minuscules et peu connus. Par exemple :
CHATEAUNEUF-SUR-ISERE
Petit village de 3000 habitants dans la Drôme, lieu de naissance de Saint Hugues, évêque de Grenoble, qui donna le massif de la Chartreuse à Saint Bruno pour qu’il y établisse son Ordre.
LES ROSIERS D’EGLETONS
Petit village de 1000 habitants en Corrèze (sur la route entre Clermont et Tulle près de la ville d’Egletons) qui a donné naissance à deux papes : Clément VI et son neveu Grégoire XI. Ils y furent baptisés dans l’église des Rosiers. C’est la seule église au monde où furent baptisés plusieurs papes.
CHATTE
Petit village de l’Isère de 2500 habitants. Lieu de naissance de Saint Amédée dont il est question dans la vie de Saint Pierre de Tarentaise.
SAINT AMEDEE DE CHATTE
Chatte s’était au départ un Castrum, puis Castra. Son château nous le rappelle, il abritera plus tard les barons du Moyen-Age. De là à penser que Amédée naquit au château, il n’y a qu’un pas. D’ailleurs on ne connut depuis lors aucun saint à Chatte, si bien que la légende le dit, Amédée de Castrum, près de Saint-Antoine-l’Abbaye sur le territoire de Vienne.
Amédée était de haut lignage. Il descendait de Conrad, roi des Romains. Quand son père (mort à Bonnevaux en 1140) se retira dans le monastère de Bonnevaux de l’Ordre de Cîteaux avec d’autres gentilshommes, pour y prendre l’habit de religieux, il emmena Amédée avec lui ; mais comme il souhaitait pour son fils des études sérieuses, il quitta Bonnevaux pour l’abbaye de Cluny. Les moines de l’abbaye l’accueillirent avec enthousiasme, quitte à se fâcher avec ceux de Bonnevaux. Aussi le jeune Amédée fut envoyé en Allemagne, déjà réputée pour l’excellence de son enseignement.
Quand son éducation fut complète, Amédée se rendit à Clairvaux auprès de Saint Bernard qui l’accueillit comme un fils et le consacra, quelque temps après, abbé de Hautecombe sur les bords du lac du Bourget. Chacun sait que les moines de l'abbaye de Hautecombe1 ont quitté leur abbaye (pour Ganagobie à 30 km. de Sisteron, Alpes de Haute Provence) qui renferme les tombeaux des ducs de Savoie.
Mais la réputation de sainteté et la sagesse du vénérable abbé grandissait chaque jour. Aussi, à la mort de l’évêque de Lausanne, le clergé et le peuple de cette ville portèrent leurs suffrages sur l’abbé de Hautecombe qui ne consentit à se charger du fardeau de l’épiscopat que sur l’ordre exprès du pape. Dès lors il se consacra tout entier aux intérêts de son Eglise à laquelle il rendit de signalés services.
Le comte de Genève menaçait l’indépendance de Lausanne ; l’évêque le força à renoncer à ses prétentions et à démolir la forteresse qu’il avait élevée auprès de la ville.
Amédée jouissait d’une grande considération auprès du pape Eugène III, des empereurs Conrad III et Frédéric Ier. Celui-ci, dans ses lettres, l’appelait son chancelier et son noble, illustre et féal ami.
Il était depuis quatorze ans évêque de Lausanne, quand il mourut en l’an 1158 et prit place au nombre des saints.
Une particularité remarquable de sa vie, c’est qu’il naquit, commença ses études, prit l’habit religieux et fut nommé abbé le jour de la Sainte Agnès. Aussi il institua en l’honneur de cette sainte, deux fêtes qui tombent, comme la sienne, au mois de janvier.
1. L'abbaye de Hautecombe était devenue trop touristique, ce qui gênait les moines. Elle est aujourd'hui occupée par la communauté du Chemin-neuf.