Caligaverunt oculi mei IXème répons
« Mes yeux se sont voilés à force de pleurer ; car il s’est éloigné de moi, celui
qui me consolait : Voyez, vous, tous les peuples, s’il est une douleur semblable à la mienne.
O vous tous qui passez le chemin, regardez et voyez. »
Pleurons ! Il est bien temps !
Après avoir masqué notre âme à la lumière du Christ, quoi de plus logique que nos yeux se voilent, puisqu’ils sont les premiers à la percevoir !
Prenons conscience, de ce que nos yeux se voilent, nos larmes coulent, du fait que nous soyons dans les ténèbres, seuls !
Nous sommes plongés dans l’obscurité, et nous pleurons ! Nous pleurons de ce que le Christ a tenu compte de notre volonté !
Nous devrions pourtant être heureux ? Nous avons suivi notre chemin, notre propre cap !
Nous devrions assumer nos décisions !
Ne l’avons-nous pas livré, Celui qui entravait notre liberté ?
Ne l’avons-nous pas embrassé traitreusement, Cet ami qui ne nous veut que du bien !
N’avons-nous pas tourné, voilé, le miroir de nos âmes pour ne pas capter Sa lumière ?
Oui, nous sommes désormais libres ! Pleinement libres, de faire ce que nous voulons, débarrassés des chaînes du Christ !
Elle est là la couronne de lauriers ! Elles sont là, les nymphes promises ! Le vin va couler à flot, les faunes vont jouer jusqu’au matin, une douce musique…des parfums enivrants chatouillent nos narines, et des mets délicats sont portés sur des litières !
Et patatras ! Tout s’écroule !
Nous avons écouté les sirènes du diable, nous chanter tous ces délices, mais au bout du voyage, il n’y a que pleurs et grincements de dents !
Qu’elle était pourtant belle, facile et droite, cette route qui s’offrait à nous !
Oui nous pleurons, plongés dans les ténèbres, parce que nous avons perdus LA lumière !
Tout est laid, noir, sans éclat, par notre faute ! Nous Le rejetons, en toute liberté, le Christ, car nous ne savons pas qu’Il est La vraie liberté !
La vraie liberté que nous offre le Christ, c’est d’aimer !
Aimer ce qui est difficile, ce qui est humiliant !
Aimer ce qui ne s’impose pas au premier abord à nos corps !
La vraie liberté, c’est de se donner sans mesure, à ceux qui ne se donnent pas !
Nous méritons donc le juste châtiment ! Celui d’être privé de la lumière de notre Seigneur Jésus Christ !
Jetés dans des cachots obscurs, nous sommes sans consolation, personne ne vient nous visiter !
Pourquoi ?
Nous ne l’avons pas fait pour notre prochain, nous ne l’avons pas visité, nous ne l’avons pas nourri, pas lavé…. Tout occupé que nous étions, à jouir des biens terrestre, à nous laisser guider par nos sens, excités par l’ennemi !
Ce que nous n’avons ainsi pas fait pour notre prochain, nous ne l’avons pas fait non plus pour le Christ !
Comme nous ne l’avons pas fait, Il ne le fait pas pour nous ! (Matthieu 25, 34-46)
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : " Venez, les bénis de mon
Père : prenez possession du Royaume qui vous a été préparé dès la création du
monde. Car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif, et vous m'avez
donné à boire; j'étais étranger, et vous m'avez recueilli;
nu, et vous m'avez vêtu; j'ai été malade, et vous m'avez visité; j'étais en
prison, et vous êtes venus à moi. "
Alors les justes lui répondront : " Seigneur, quand vous avons-nous vu avoir
faim, et vous avons-nous donné à manger; avoir soif, et vous avons-nous donné
à boire? Quand vous avons-nous vu étranger, et vous avons-nous recueilli; nu, et vous avons-nous vêtu? Quand vous avons-nous vu malade ou en prison, et sommes-nous venus à vous? "
Et le Roi leur répondra : " En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l'avez
fait à l'un des plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. "
Alors il dira aussi à ceux qui seront à sa gauche : " Allez-vous-en loin de moi,
les maudits, au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges.
Car j'ai eu faim, et vous ne m'avez pas donné à manger; j'ai eu soif, et vous ne
m'avez pas donné à boire; j'étais étranger, et vous ne m'avez pas recueilli; nu, et vous ne m'avez pas vêtu; malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité."
Alors eux aussi lui répondront : " Seigneur, quand vous avons-nous vu avoir
faim, ou avoir soif, ou étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et ne vous
avons-nous pas assisté? "
Alors Il leur répondra : " En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous ne
l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous ne l'avez pas fait. "
Et ceux-ci s'en iront au supplice éternel, et les justes à la vie éternelle. "
Il ne nous visite pas, il ne nous console pas !
Pensons, tout de même, qu’Il ne le fait pas joyeusement, surement pas de gaité de cœur !
Le fait il vraiment pour nous punir ?
Nous lui avons demandé de se retirer loin de nous, de partir au désert, d’où il ne pourrait nous voir !
Cet œil pesant, que nous voyions comme l’œil de la justice, nous ne le voulions pas !
Et maintenant, nous crions ! Non content d’avoir perdu la Lumière et Sa chaleur, de trembler de froid, nous prenons à témoin le monde, de nos iniquités ! « Voyez s’il est une douleur semblable à la mienne ? »
Personne ne nous entend, mais nous poussons notre trahison jusqu’à réclamer des spectateurs pour notre malheur, de façon à ce qu’ils apaisent nos souffrances par leurs compassions !
Avons-nous eu de la compassion, ou ne serait ce qu’une pensée pour le prochain d’abord ? Non !
Egoïstes que nous sommes !!!
Oui, nous réclamons, comme celui qui réclame à Dieu de revenir sur terre, au fins de prévenir sa famille « Le chemin pavé de rose n’est pas le bon ! »
(Evangile selon St Luc 16, 27-31)
Et il dit : " Je te prie donc, père, de l'envoyer à la maison de mon père,
— car j'ai cinq frères, — pour leur attester (ces choses) de peur qu'ils ne
viennent, eux aussi, dans ce lieu de tourment. "
Abraham dit : " Ils ont Moïse et les prophètes : qu'ils les écoutent ! "
Il dit : " Non, père Abraham; mais si quelqu'un de chez les morts va vers
eux, ils se repentiront. "
Il lui dit : " S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, même si quelqu'un ressuscitait d'entre les morts, ils ne seraient pas persuadés. "
Non ! Un jour il est trop tard …
Il est juste de penser, qu’il n’y a pas de plus grande douleur que d’être privée de Dieu !
Il y a bien peu de temps, pourtant, nous pensions qu’il serait juste d’être seuls !
Combien de fois prenons nous à témoin notre prochain du malheur qui nous tombe dessus, sans d’abord avoir pensé à ce que nous avons fait de La lumière du Christ !
Cette lumière nous guide ! La cachons-nous sous le boisseau ?
Le portons-nous avec confiance, ce flambeau, dans le vent que NSJC laisse souffler sur nous ! (Pour que, traversant les épreuves nous sortions justifiés !)
Nous craignons, Seigneur, que la bourrasque vienne souffler la flamme que Vous nous donnez !
- Nous doutons ! Doutons de Vous Seigneur, des capacités que Vous nous donnez ici bas !
- Nous doutons de la possibilité de porter chaque jour plus haut Votre lumière !
- Nous doutons de la puissance de Vos dons, comme Pierre marchant sur les eaux à la rencontre du Christ, et qui s’enfonce dans la vague déferlante !
Pierre prenant la parole : " Seigneur, dit-il, si c'est Vous, ordonnez que j'aille à Vous sur les
eaux. " Il lui dit : " Viens ! " et Pierre, étant sorti de la barque, marcha sur les eaux pour aller à Jésus. Mais, voyant la violence du vent, il eut peur, et comme il commençait à enfoncer, il s'écria : " Seigneur, sauvez-moi ! " Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : " Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté? "
Oui, nous avons le prix de notre trahison, comme Judas !
Ne commettons pourtant pas l’erreur de croire que NSJC ne nous tend pas la main !
Car de la foule que nous réclamons pour contempler notre malheur, ne voyons-nous personne ?
Non ! Il nous faut faire appel à un autre sens !
Il y a quelqu’un, une seule et unique personne, qui attend, que l’on fasse le seul effort qui s’impose, tourner la tête en direction de Sa voix !
Dans les ténèbres résonne une voix ! Il nous faut l’entendre …. Et la lumière jaillit dans les ténèbres, la divine clarté efface l’obscurité !
(Christe qui lux es & dies, Noctis ténebras détegis, Lucísque lumen créderis, Lumen beátum prædicans. Christ lumière, & jour apparent, Toutes ténèbres découvrant,
Qui, splendeur de splendeur, est né, Prêchant la divine clarté) (Christe qui lux es et dies, Très ancien hymne du Carême, V me Siècle, Traduction par Charles de Courbes (1622)) d'ores et déjà silence pour l’entendre, avant qu’il ne soit trop tard ??? (Cantique : Attende, Domine)
Car ce cri silencieux, chargé de notre repentir, Il l’entendra !
Rogámus, Deus, Tuam majestátem Auribus sacris Gémitus exáudi : Crímina nostra Plácidus indúlge. | V/. Nous implorons, ô Dieu, votre majesté : que vos oreilles sacrées exaucent nos gémissements Pardonnez-nous nos crimes dans votre bonté |
Levons nous, cessons de pleurer sur nous mêmes, suivons la voix, sortons à la lumière du jour, afin de montrer, à tous les peuples, s’il est une joie semblable à la nôtre !
Jerusalem, Jerusalem, Convertere ad Dominum deum Tuum !
Balthasar.