BONJOUR A TOUS.
Dernièrement la pharmacologie s’est mise en avant soutenue par un certain nombre de médecins. Alors il nous faut remettre nos toubibs à leur vraie place !
Nous avions un excellent médecin le Docteur François X. Il est malheureusement parti à la retraite après une vie le labeur honnête et conforme au serment d’Hippocrate dont il avait toujours la médaille sur son bureau. Serment que devrait respecter toute la profession…
En relisant un des ouvrages écrit par Jean de La Varende1, le passage qui va suivre m’a fait penser à mon brave généraliste qui a soigné toute la famille pendant plus de trente ans.
LE DOCTEUR MALCOURONNE
- Père Fulbert, qu’est-ce que la mort ?
- C’est, pour Dieu, le rappel de l’âme dont il a muni un corps. Pour l’homme, la mort, c’est la fuite des quatre esprits vitaux, leur séparation… Du moins, selon Hippocrate.
- Qui est Hippocrate ?
- Notre maître… Le plus grand des médecins; né dans l’île de Cos, la première année de la quatre-vingtième olympiade; trente ans avant la guerre du Péloponnèse. C’est l’inventeur de l’art salutaire ; un grand sage, un philosophe pur et sans taches, et, à coup sûr, un saint d’avant Jésus-Christ; de ceux dont le Christ descendit aux Enfers délivrer les âmes qui l’attendaient. A l’abbaye du Bec, nous possédons plusieurs traités, et j’en traduis. Mais au Bec, ils préfèrent Gallien.
- Et Gallien ?
- Un Gréco-Romain adroit qui se servit des doctrines hippocratiques et fut célèbre dans l’empire. Mais c’était un homme de peu. Les doctrines de notre Hippocrate sont enseignées à Salerne, qui fut une colonie grecque, mais toute la Lombardie, plus latine, suit Gallien. Lanfranc, notre prieur, pratique selon Gallien, s’il révère le Maître, comme nous tous. Toi, qu’on appelle déjà Raoul le Clerc, je te le ferai lire en grec. Peut-être te nommera-t-ton, un jour, Raoul le Mire. Ce serait plus honorable que Raoul le Cruel ou que Raoul le Sanglant.
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IV
(L’action se situe dans la famille Giroie, de petite noblesse normande, qui a bien des déboires et des morts parmi ses nombreux enfants. Raoul est le cinquième fils de la famille. Il a été surnommé Malcouronne car il est tonsuré mais entre la prière et une action guerrière il n’est pas encore sûr de sa vocation de moine-médecin)
Il se peut que le cinquième Giroie offrît sa vie pour diminuer ce courroux inexplicable de Dieu, cette sévérité, cette justice, sans doute. Il s’offrit peut-être pour racheter les autres, pour les sauver [ses frères meurent tous de mort violente sauf le quatrième qui est gravement mutilé]. Mais cela reste son secret. On pourrait penser aussi qu’écœuré par la violence et les armes comme il l’était par les amours de tous ces furieux, il se laissât entraîner vers le savoir et les réalisations patientes, dans la pureté glaciale. Le Père Fulbert l’encourageait, et, avant de partir pour son glorieux siège épiscopal de Chartres, il lui confiait ses secrets. Tant de Giroie avaient tué : celui-ci s’efforcerait de guérir. Mais, avait-il la paix ?
- Hippocrate, enfant, a révélé, au côté de Dieu, un personnage bienfaisant, et perspicace, et agile : c’est la Nature. Ce serait, peut-être, vois-tu, celui que nous appelons l’Ange Gardien. Il assiste l’homme dans tous ses heurs et ses malheurs. Ce serait lui qui répare et guérirait, par son intervention. L’art du mire, l’art du médecin, est de la respecter, cette intervention, et de ne pas la contrarier par ses maladresses. Admirable travail, Raoul, que celui d’une plaie qui bourgeonne et se clôt ; auquel nous sommes habitués, sans que nous sentions son anomalie. D’ailleurs, pour les plaies, cette opération est en surface visible, mais le travail ne s’arrête pas à ses réfections ; le travail de la Nature s’étend à toutes les maladies et dans les profondeurs des humains. La maladie est une lésion du sens vital, de notre économie, et la guérison, c’est la reprise de ce cours vital, le triomphe de la Nature sur le dérangement. Et la Nature s’assujettit à un ordre strict, procède toujours de la même manière dans ses altérations et dans ses réparations. En observant, nous avons fini par connaître et grouper les symptômes : c’est le diagnostic ; par prévoir ce qui en sortira : c’est le pronostic ; par favoriser le retour en santé au moyen de secours, de procédés divers : c’est la thérapeutique.
A demain pour la suite
1. Le Docteur Malcouronne (médecin de campagne au XIè siècle) extrait su livre Esculape.
Dans cet extrait les personnages ont réellement existé ainsi que les faits et les lieux qui feront partie de ce récit. Cependant il faut le voir comme une geste du Moyen-Age. Des héros magnifiés.
BONNE JOURNEE A TOUS