En 1904, l’abbé Lacombe, curé de la paroisse de Saint-André, située à trente de kilomètres de Saint-Denis de la Réunion (France, île de la Réunion, dans l’océan indien ), est invité au congrès eucharistique d’Angoulême (France, Charente) où il témoigne d’un miracle survenu deux ans auparavant dans son église et dont il a été le premier témoin. Il réitère son récit peu après lors d’une retraite sacerdotale des prêtres de Périgueux (France, Dordogne). Sa version des faits est identique à celle de centaines d’autres témoins.
Au matin du 26 janvier 1902, les fidèles participent à la messe paroissiale de huit heures. Le père Lacombe vient d'exposer le Saint-Sacrement.
Au cours de la célébration eucharistique, poussé par une force qu’il n’explique pas, le célébrant tourne la tête en direction de l’ostensoir. C’est la stupéfaction : à la place de l’hostie, il voit le visage d’un homme, cheveux longs, barbu, plein de tristesse, les yeux clos, la tête penchée sur la droite. Des larmes coulent sur ses joues. Il ne s’agit pas d’une image plate, mais d’une apparition en relief, nette et vivante.
Le père Lacombe se ressaisit. J’ai dû être victime d’une hallucination, pense-t-il.
Après la messe, tandis qu’il retire ses habits sacerdotaux dans la sacristie, un fidèle lui demande de bénir une médaille. Le curé l’envoie d’abord prier devant le Saint-Sacrement exposé.
Quand l’homme revient, il est comme hors de lui : il a vu le « visage de Jésus » dans l’ostensoir.
L’abbé demande alors aux enfants de chœur de se rendre devant le Saint-Sacrement et de lui rapporter ce qu’ils observent. Leur réponse le foudroie : la « Sainte Face » est visible à la place de l’hostie.
Ensuite, deux dames septuagénaires font la même constatation. Leur nièce, Marie Le Vaillant, sept ans, les accompagne. Elle témoignera : « Je ne peux oublier ce souvenir ; cette vision ne s’efface pas. Cela m’a marquée pour toute l’existence. »
Cette fois, l’abbé le sait : il n’a pas eu la berlue !
Les heures suivantes, la foule envahit les lieux. Le maire de Saint-André, M. Duménil, agnostique, voit également, ce dont il témoignera ultérieurement.
Le miracle se prolonge jusqu’à quinze heures, début de la bénédiction du Saint-Sacrement. A cette heure, plusieurs milliers de personnes ont défilé dans l’église.
Vers quatorze heures, l’apparition se modifie : le visage disparaît, laissant place à un « crucifix » dont les parties supérieure et inférieure débordent de l’hostie.
Le prodige présente deux caractéristiques : le visage du Christ est visible à la fois devant et derrière l’autel ; une fois l’église plongée dans l’obscurité (cierges éteints et volets clos), le visage s’illumine et ses traits gagnent en précision.
De plus, certains ne voient rien (comme la mère Edouard, religieuse de Saint-Joseph de Cluny), tandis que des athées et des non catholiques constatent l’apparition !
Certains perçoivent le visage instantanément, mais d’autres seulement après avoir prié un moment. Cette modalité évoque des apparitions de Jésus ou de la Vierge Marie : des témoins voient, d’autres, non ; certains entendent, d’autres non ; quelques-uns voient ponctuellement, d’autres de manière permanente.
Enfin, plusieurs tentent de regarder l’ostensoir de Saint-André à l’aide de jumelles. Mais le visage est moins net qu’à l’œil nu.
Alerté, l’évêque de Saint-Denis, a diligenté une enquête, rencontré l’abbé Lacombe et différents témoins. Il a pris connaissance des centaines de témoignages signés par les témoins oculaires et demandé que l’hostie miraculeuse soit conservée en lieu sûr.
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