PROPRE DE FRANCE
SAINT POTHIN
SAINTS SANCTUS et ATTALLE
SAINTE BLANDINE
et les autres MARTYRS DE LYON
Après la victoire de Marc-Aurèle en 174, remportée grâce aux chrétiens, les persécutions cessèrent presque complètement, sauf dans certains endroits à cause de la cruauté des gouverneurs. Ce fut le cas en 177 à Vienne et à Lyon, villes composées essentiellement de colons Grecs chrétiens, où Saint Pothin évêque de Lyon était assisté par un prêtre, Irénée (qui deviendra saint). L'extension de ces colonies chrétiennes inquiétait les païens, inquiétude que nous avons retrouvée dans une lettre envoyée par Saint Irénée à ses frères d'Asie-Mineure et de Phrygie dans laquelle il relate les souffrances des martyrs.
Ce fut d'abord le peuple qui s'attaqua aux chrétiens, puis les premières émeutes passées, le tribun et les magistrats ordonnèrent aux chrétiens de paraître en place publique, où ils confessèrent leur foi et furent enfermés jusqu'à l'arrivée du gouverneur.
Les cruautés furent telles que Vettius-Epagathus (il était premier sénateur de toutes les Gaules) demanda à parler aux élites de la ville. Cet homme était chrétien, plein d'ardeur et de zèle pour la gloire de Dieu. Ayant dit au gouverneur qu'il était chrétien on le rangea avec les martyrs en lui donnant le titre d'avocat des chrétiens.
Sur le nombre des chrétiens arrêtés, dix apostasièrent, mais cela n'empêcha pas de nombreux fidèles des deux Eglises de venir nous rejoindre (sic Saint Irénée). Plusieurs chrétiens furent arrêtés avec leurs serviteurs païens. Pour se défendre, ces derniers prétendirent que les chrétiens mangeaient de la chair humaine comme Thyeste (roi de Mycènes), qu'ils contractaient des mariages incestueux comme Œdipe, et commettaient plusieurs autres crimes. A ouïr tous ces mensonges, le peuple se déchaîna une seconde fois et la foule fit périr un grand nombre de chrétiens dans d'atroces souffrances. Ceux qui subirent les tortures les plus abjectes furent le diacre Sanctus de Vienne, Maturus et Attale de Pergame ainsi qu'une esclave nommée Blandine. L'ayant martyrisée pendant toute une journée, les bourreaux n'en vinrent pas à bout et s'étonnèrent qu'elle fût encore vivante. Il en fut de même pour le diacre Sanctus: ils répétaient sans cesse: Je suis chrétien et nous n'avons pas commis de crimes. Le gouverneur fit appliquer des plaques rougies au feu sur leurs parties les plus sensibles. Leur corps n'avait plus d'apparence humaine. Non contents les bourreaux élargirent les plaies, mais Notre-Seigneur vint à leur secours en guérissant toutes leurs blessures.
Les bourreaux amenèrent alors Biblis, qui avait apostasié, pour qu'elle insulte les martyrs, mais par un retournement de situation elle refusa et se déclara chrétienne en disant: Peut-on accuser de manger des enfants, ceux qui pour un motif de religion s'abstiennent même du sang des animaux. (les chrétiens suivaient encore la loi des apôtres). Alors elle fut rangée avec les martyrs.
Pour prolonger leur supplice, on les enferma dans des cachots infects, les jambes entravées dans des ceps de bois jusqu'au cinquième trou.
Beaucoup en moururent.
Parmi ceux-ci se trouvait Pothin, évêque de Lyon, nonagénaire, faible. Le gouverneur lui demandant qui était Jésus-Christ, il lui répondit qu'il le saurait que lorsqu'il en serait digne. Battu à mort par la foule, il fut remis au cachot où il expira deux jours après.
Les confesseurs (les prêtres) étaient emprisonnés comme chrétiens, mais les apostats l'étaient comme malfaiteurs et homicides et souffraient plus que les premiers. Les chrétiens allaient au supplice avec sérénité alors que les renégats étaient tristes et abattus, traités de lâches car leur attitude plaidait contre eux.
Enfin on amena Maturus, Sanctus, Blandine et Attale pour les exposer aux bêtes féroces. On les flagella puis les bêtes les traînèrent autour de l'amphithéâtre. Comme ils n'étaient pas encore morts, Maturus et Sanctus furent égorgés. Blandine fut attachée à un poteau pour être dévorée. Elle priait les bras en croix dans la même position que le Sauveur; mais les bêtes ne la touchèrent pas.
A son tour Attale, qui était un homme de marque, fut promené dans l'amphithéâtre avec une pancarte: C'est ici Attale le chrétien; il était citoyen romain : le gouverneur écrivit à l'empereur pour lui demander ce qu'il devait en faire. On le renvoya en prison. Dans la même prison se trouvait Alcibiade, un chrétien de la secte des Montanistes, mais au contact d'Attale, il abandonna les préceptes de sa secte pour revenir dans le droit chemin.
Les ordres de l'empereur arrivèrent : qu'on exécute tous ceux qui se disaient chrétiens et qu'on élargisse ceux qui avaient abjuré. Lors d'une fête publique, le gouverneur condamna ceux qui étaient Romains à être décapités et les autres à être exposés aux bêtes.
Chose inattendue, certains des apostats, avant d'être libérés, étaient interrogés à part, mais par la grâce de Jésus-Christ ils se confessèrent chrétiens et furent martyrisés. Ceci arriva à cause d'Alexandre, Phrygien de naissance et médecin qui, étant présent lorsque les apostats passaient devant le gouverneur, les encourageait par des signes à garder leur foi; mais Alexandre dont la gestuelle paraissait étrange fut arrêté et condamné à être dévoré. Attale et Alexandre furent finalement décapités dans l'amphithéâtre.
Enfin le dernier jour du combat des gladiateurs, on amena dans l'amphithéâtre Blandine et un adolescent de quinze ans, Ponticus, qui mourut sous la torture. Blandine après diverses tortures insoutenables fut enfermée dans un filet et exposée à la fureur d'une vache sauvage qui la projeta plusieurs fois en l'air. N'étant pas morte de ses blessures, elle fut égorgée.
Le peuple non content de la mort des martyrs donna leurs corps aux chiens. Pour que les morceaux des corps déchiquetés ne puissent être récupérés, les restes furent gardés par des soldats et ceux qui passaient à côté disaient: Où est leur Dieu ? A quoi leur a servi cette religion qu'ils ont préférée même à la vie ? Les corps restèrent exposés pendant six jours puis il furent brûlés; les cendres furent jetées dans le Rhône.
Ici finit la lettre admirable des Chrétiens de Lyon et de Vienne insérée par Eusèbe dans son histoire des martyrs. Ces faits se déroulèrent au début du pontificat d'Eleuthère en 177 et le dix-septième du règne de Marc-Aurèle. Selon Saint Grégoire de Tours, les martyrs de Lyon et de Vienne étaient quarante-huit. On retrouva miraculeusement une partie des cendres qui furent déposées sous l'autel de l'église qui portait le nom des apôtres de Lyon.
Saint Pothin est le patron de la ville de Lyon.
SANCTORAL
SAINT MARCELLIN et SAINT PIERRE
Martyrs en 304
SAINT ERASME de FORMIA (Saint Elmo ou Ermo)
Evêque et Martyr en 303