Bettbrunn (Allemagne, Bavière), 1125. Un paysan très pieux, connu pour son amour de Jésus et du Saint-Sacrement, envisage de dérober une hostie consacrée et de l’emporter chez lui, pour sa dévotion personnelle ! En effet, habitant à une heure et demie de l’église paroissiale, il ne réussit pas toujours à aller à la messe.

L’homme imagine le stratagème suivant : cacher l’hostie dans un trou creusé à l’extrémité supérieure de son bâton qu’il emporte toujours avec lui. Il finalise ce projet sans que personne ne s’aperçoive de quoi que ce soit et dorénavant, chaque jour, quand le bétail se repose, il plante le bâton en terre et s’agenouille devant le Saint-Sacrement des heures durant.

Plusieurs mois passent ainsi, sans que personne ne prête davantage attention à sa dévotion spéciale !

Un jour, oubliant ce que renferme son bâton, le paysan lance avec colère ce dernier contre le bétail qui s’est trop éloigné. L’hostie tombe par terre et l’homme, profondément navré, s’incline pour la ramasser. Mais toute tentative est inutile : l’hostie est impossible à déplacer tant elle est devenue lourde !

Ne sachant que faire, il court jusqu’au presbytère de Tholling (Allemagne, Bavière) où il alerte le curé du lieu qu’il connaît bien. Ce dernier essaye de ramasser l’hostie, en vain. Le prêtre à son tour s’empresse de se rendre auprès de l’évêque de Regensburg (Allemagne, Bavière), Harwich, qui, sans attendre, prend le chemin de Bettbrunn accompagné de plusieurs ecclésiastiques.

Le prélat tente à plusieurs reprises de soulever l’hostie de terre mais il échoue à son tour. Il promet alors au Seigneur de faire construire une chapelle à cet endroit si quelqu’un parvenait à mouvoir le Saint-Sacrement. A peine a-t-il achevé de formuler ce vœu en lui-même qu’il crie victoire : l’évêque a soulevé l’hostie d’une main !

La nouvelle du prodige se répand rapidement et attire de nombreux pèlerins. Un pèlerinage régional se met en place.

En quelques mois, la construction de la chapelle dédiée à Saint-Sauveur est achevée. On y a conservé la précieuse relique jusqu’en 1330, date à laquelle un incendie détruit entièrement l’édifice. La chapelle est reconstruite par la suite et on y a placé à l’intérieur un des piliers resté intact après l’incendie.