à tous
Aujourd’hui, deuxième (et dernier) volet sur le sujet du « ré-emploi » en musique.
La semaine dernière je vous avais parlé de l’auto-emprunt chez Rameau. Cette semaine, j’aborderai le thème de l’emprunt, par un compositeur, d’œuvres écrites par d’autres. Je n’irai pas jusqu’à utiliser le mot "plagiat", car ceci suppose une intention maligne. Ce n’était pas le cas au XVIIIe siècle. Les droits d’auteur n’existaient pas, le droit moral non plus.
Parmi ceux qui ont beaucoup « emprunté » aux autres, on trouve Jean Sébastien Bach.
JS Bach a pratiqué aussi bien l’auto-emprunt (dans ses cantates, notamment) que l’emprunt tout court. Un nombre non négligeable de ses concertos sont en fait la transcription de concertos, pour violon ou autre, composés par d’autres, en concertos pour clavecin ou orgue. Je vais prendre comme exemple un très beau concerto pour hautbois écrit par le compositeur vénitien Alessandro Marcello que Bach transcrivit pour clavecin.
Alessandro Marcello (1684-1750) était le frère aîné * de Benedetto Marcello, également compositeur, dont je vous ai déjà parlé. C’était un écrivain, un philosophe, un compositeur et même un mathématicien de renom. Il est le parfait exemple de ce qu’on appelait au XVIIIe siècle un « dilettante », mot italien qui signifie « amateur éclairé » dans le domaine de la musique, mais aussi des arts et des lettres. Rien à voir avec le sens péjoratif que ce mot a pris en français. Appartenant à une famille riche de la noblesse vénitienne, il avait fait de très solides études musicales.
Par plaisir, il composa une série de concertos ainsi que quelques cantates. Contrairement à son frère qui détestait Vivaldi, Alessandro Marcello entretint de bons rapports avec ce dernier et l’aida même financièrement.Voici donc son « Concerto pour hautbois et cordes en ré mineur » qui fut composé au début des années 1700 (probablement en 1708) :
Et voici maintenant la transcription pour clavecin seul que Jean Sébastien Bach fit du concerto d’Alessandro Marcello entre les années 1713 et 1716 :
Madame Zouave
* je n’ai pas oublié l’accent circonflexe