Le Carême du pape
La dernière lettre de Carême que nous envoie le pape François lui ressemble comme un gant s’adapte à une main. On est frappé par le ton apocalyptique qu’il prend. Un ton qui intime le réveil. Il met en garde contre les « charmeurs de serpents », les « charlatans » ou « les escrocs » qui utilisent les émotions humaines « pour réduire les personnes en esclavage ». Il stigmatise « l’attraction des plaisirs fugaces, confondus avec le bonheur ». « Que des personnes vivent en pensant se suffire à elles-mêmes et tombent en proie à la solitude ! » « À combien de jeunes a-t-on proposé le faux remède de la drogue, des relations “utilise et jette”, des gains faciles, mais malhonnêtes ! »
Le pape souligne que ces « faux prophètes » offrent « des choses sans valeur », qui les privent de ce qui est le plus précieux : « la dignité, la liberté et la capacité d’aimer ». « C’est la duperie de la vanité, qui nous conduit à faire le paon… pour finir dans le ridicule », déclare-t-il roidement.
Reprenant l’image du diable assis sur son trône de glace que l’on trouve dans l’Enfer de Dante, rejoignant Georges Bernanos, déclarant à plusieurs reprises « l’enfer c’est le froid », il interroge : « Comment la charité se refroidit-elle en nous ? » Il stigmatise alors « l’avidité de l’argent », cette « racine de tous les maux » (I Tim 6, 10), expliquant que l’idolâtrie de l’argent provoque « le refus de Dieu », interdisant de « trouver en lui notre consolation ».
Ce pape n’oublie jamais que catholique signifie universel. Il rejoint, comme au soir du premier Noël, « tous les hommes et femmes de bonne volonté », surtout « si vous êtes, leur dit-il, comme nous chrétiens, affligés par la propagation de l’iniquité dans le monde ». Et de dégainer les trois « doux remèdes » : « La pratique de l’aumône libère de l’avidité », la prière met au jour les « mensonges secrets » et le jeûne « réduit la force de notre violence ».
GT