Un voyage mouvementé
On se gausse parce que je prévois toujours des marges de sécurité importantes quand je voyage en train avec correspondances à la clé…Eh bien, gaussez-vous, bonnes gens, gaussez-vous.
Lundi, je pars à l’aube prendre un Intercités à Béziers pour Bordeaux, où après une bonne marge d’attente, je reprendrai un TGV pour Saint Pierre des Corps, c'est-à-dire Tours.
Tout se passe bien jusqu’à Agen.
Juste après notre départ d’Agen, un appel : Le voyageur qui a laissé son sac à dos en voiture 3 est prié de venir le récupérer d’urgence.
Aïe aïe aïe, me dis-je…
Deuxième appel, troisième appel, et naturellement, il arrive ce que je redoutais : en gare de Marmande, c'est-à-dire au moins une demi-heure après les appels –on aurait eu dix fois le temps de sauter ! – le train s’arrête, tous les voyageurs sont priés de descendre sur le quai sans leurs valises (ne vous inquiétez pas, qu’on nous dit, c’est sécurisé), il faut regagner les bâtiments de la gare, on ne sait jamais, si c’est une grosse bombe…
Autour de moi, les gens s’inquiètent : je vais rater mon avion, je vais rater mon train, je vais rater mon RV…
Evidemment, quand on calcule au plus juste, le moindre retard est ennuyeux.
Je ne m’affolais pas trop parce que j’avais prévu large mais je râlais d’autant plus que je venais juste de me faire offrir (oui !) un café crème par le petit marchand qui se promène avec son camion à roulettes dans le train en coinçant les voyageurs qui ont eu la malencontreuse idée de s’aventurer hors de leur siège à ce moment-là.
Il m’a offert mon café parce que sa batterie étant à plat, il n’a pas pu me donner le « latte » que je voulais.
Seulement je me suis retrouvée sur le quai avec mon gobelet brûlant, mon sac à main et mon sac à dos : pratique.
Bon, finalement, cela n’a pas duré trop longtemps, j’imagine que c’était un pauvre gars qui avait oublié son sac à dos en descendant à Agen. Je te me l’aurais balancé par la fenêtre, moi, au lieu de faire tout ce cirque !
Notez que nous n’étions pas loin de Bordeaux, alors franchement, on aurait pu attendre d’être arrivé…
Alors, ça y est, Bordeaux.
J’ai le temps, j’ai une petite faim parce qu’il est 13 h 30 (une heure de retard, je vais demander un remboursement au moins partiel du billet !), je m’installe à une petite caféteria avec une salade César, ouf, je pose tout, je commence à piquer une tranche de concombre avec une fourchette en plastique qui ne va pas mettre longtemps à se casser, quand tout à coup, nous entendons : « Mesdames Messieurs, suite à une alerte, un colis abandonné, la gare doit être évacuée de toute urgence ». Merdum !
Le pauvre gars a côté de moi n’a même pas eu le temps de boire la bière qu’il venait juste de commander (servie dans un grand verre).
Pas question d‘abandonner ma salade César, je pars avec ma barquette, mes couverts en plastique en équilibre instable, ma valise, mon sac à dos, avec ma troisième main, j’agrippe mon sac à main, je traverse toute la gare pour rejoindre l’extérieur où des flics nous poussent en dehors du ruban de sécurité, j’ai réussi à ne pas renverser ma salade sur mon blouson tout propre et à garder mes couverts ;
Vous imaginez mon humeur !
Un dogue mal léché.
Je mange tant bien que mal ma salade dehors, vaguement assise sur une rambarde inconfortable, je broute mes feuilles de batavia que les cuisiniers ont eu l’idée géniale de ne pas découper à l’avance, tant pis pour l’élégance, on n’est plus à ça près.
Encore, j’avais mes couverts !
Cela me rappelle une mésaventure arrivée à ma voisine dans l’avion, au départ de Roissy pour la Croatie : notre guide nous avait prévenus, dans l’avion vous aurez une « collation », c'est-à-dire un truc symbolique manière de vous occuper cinq minutes, mais si vous voulez vraiment un déjeuner, achetez un sandwich ou autre chose à l’aéroport avant de décoller.
Ma voisine, qui faisait partie de notre groupe, avait choisi un gros bol (en plastique bien sûr !) de salade, pas César mais crudités en tout genre, et avait préféré attendre d’avoir décollé pour savourer.
Elle déballe le truc, cherche des couverts : que nenni, rien, nada.
Zut, flûte ! Comment manger sa salade ? Elle cherche aussi la vinaigrette, rien du tout !
La bonne femme qui lui avait vendu sa salade n’était pas aimable et avait oublié les couverts et la vinaigrette.
La « collation » de l’avion était une minuscule barquette (en plastique) d’olives et de feta, baignant dans l’huile, rudement pratique quand tu es coincé entre deux voisins et une rangée de sièges devant toi qui te tombe presque sur les genoux, le jeu consistait à éviter à tout prix de renverser la barquette pleine d’huile…
Bref, dans la barquette à olives, il y avait un cure-dents !
Ma voisine a donc mangé sa salade avec un cure-dents : j’étais écroulée de rire en la regardant faire, inutile de vous préciser que cela lui a pris un certain temps !!!
Je reviens à mon récit : j’ai réussi à finir ma salade César sans rien renverser et sans me tacher, nous n’avions aucune nouvelle et l’heure tournait.
Mais enfin, la voie a été libre, je disposais encore d’une bonne demi-heure, je me suis réconfortée en m’offrant un sublime macaron à la crème au beurre caramel beurre salé, bonjour les calories. La vendeuse (qui avait dû baisser son rideau de fer) m’a dit que l’alerte n’avait rien donné de grave.
Heureusement, sinon je serais toujours à Bordeaux ! Tout ceci est épuisant.
Bonne continuation
LR