Merveilles ? Disons plutôt curiosités; mais qui sont quand même extraordinaires. Vous en conviendrez !
LA FONTAINE ARDENTE
La Font qui brûle
C'est sans doute la plus connue des fontaines ardentes en France. Elle est située au Gua à 30 km. au sud de Grenoble.
Jean-Etienne Guettard évoque cette « fontaine brûlante » (proche d'un lieu dénommé Saint-Barthélemy, à une demi-heure de marche du hameau de La Pierre) dans ses Mémoires sur la minéralogie du Dauphiné ; mais il n'a pu voir ce feu lui-même. Le directeur des Ponts-et-Chaussées Jean Charles-Philibert Trudaine de Montigny à qui il en a parlé s'y déplace le 18 septembre 1768 (avec un inspecteur général des turlies et levées ; Monsieur de Regemorte), mais ils n'observent rien car la fontaine est éteinte depuis 1699.
Philippe de la Hire avait sollicité un ingénieur du Roi, Monsieur Dieulamant, afin qu'il la décrive. L'ingénieur la présente comme un rocher mort, petit volcan d'où s'élève une flamme errante, et il juge ces émanations inflammables de même nature que les gaz inflammables qui forment les feux-follets des marais ou aux inflammations qu'on observe en Italie à Pietra-Mala.
Alimentée par une poche de gaz naturel, elle s'est éteinte à la suite de travaux de recherche d'hydrocarbures (qui se sont soldés par un échec), puis est réapparue.
Considérée aujourd'hui comme l'une des sept merveilles du Dauphiné, elle était déjà mentionnée par Saint Augustin (354-430) et Grégoire de Tours (538-594) comme l'une des sept merveilles de la création. Durant la Renaissance, Christofle de Gramon semble l'évoquer dans son ouvrage « L'antidote des livres d'amour » œuvre poétique de jeunesse à propos de la phydryade de la Fontaine Ardente.
Elle a fait l'objet de travaux de restauration au cours des dernières années, et actuellement elle est accessible à partir d'un chemin balisé à partir de la départementale D8 à proximité du hameau "La Pierre". Un panneau explicatif se trouve à l'entrée du sentier.
MM Mercier et Seguin rappellent, lors d'une séance à l'Académie, qu'une importante apparition de gaz combustible est survenue le 2 mai près de Grenoble en 1938, et qu'ils envisagent de relier à la fontaine ardente du Dauphiné aux conduites de gaz (qui pourrait être celle décrite par Saint Augustin (Civ. D., I, XXI, c. vII) et aussi décrite par Symphorin Champier (1525).
Des romains jusqu'aux romantiques, la fontaine ardente a toujours été un lieu magique jusqu'à l'aube du XXème siècle où elle a failli devenir une source de profit, car elle dégage 20 litres de méthane par seconde, du gaz de schiste issu d'une poche géologique vieille de plusieurs dizaines de millions d'années qui va du Vercors à la Chartreuse, un gisement potentiel qui inquiète les défenseurs du patrimoine.
Bonne lecture
Adeodat