à tous

Jouons aujourd’hui au petit jeu des comparaisons.
L’un sinon le plus grand librettiste d’opéras du XVIIIe siècle fut Pietro Trapassi, dit Pietro Metastasio (son nom transposé en grec par son mécène), appelé Métastase en français, ce qui n’est pas des plus heureux
. Entre autres livrets, il écrivit un « Artaserse » qui fut utilisé par plus de 100 compositeurs
, les plus connus étant Leonardo Vinci (en 1730), Johann Adolf Hasse (en 1730 aussi), Cristoph Gluck (en 1741), Baldassare Galuppi (en 1749) et ……Johann Cristian Bach, vous savez, le petit dernier de Jean Sébastien, en 1761.
Juste pour la petite histoire, le livret de l'opéra « Siroe » , composé par Hasse, dont je vous ai parlé récemment, est également de Metastasio.
L’« Artaserse » de Johann Cristian Bach (1735-1782) fut créé à Turin en 1760. Le tout premier, celui de Leonardo Vinci, sur le même livret donc, avait été créé à Rome en 1730, soit 30 ans plus tôt. Lorsqu’on écoute les deux versions musicales du même texte, on découvre tout de suite la différence des styles. Vinci est un compositeur de musique baroque, version napolitaine. JC Bach est déjà un pré-classique et parfois on a l’impression d’entendre du Mozart. Mais que l’on ne s'y trompe pas, en 1760, Mozart avait 4 ans
! Celui qui a influencé l’autre, c’est Johann Cristian Bach qui, à Londres, fit découvrir au très jeune Mozart la symphonie, l’opéra italien et le pianoforte nouvellement inventé. Mozart se lia d'amitié avec JC Bach, bien que ce dernier fût son aîné de 21 ans.
Voici le texte de l’aria que j’ai choisie de vous faire entendre aujourd’hui :
Vo solcando un mar crudele
Senza vele,
E senza sarte:
Freme l’onda, il ciel s’imbruna
Cresce il vento, e manca l’arte;
E il voler della fortuna
Son costretto a seguitar.
Infelice! in questo stato
Son da tutti abbandonato:
Meco sola e l’innocenza,
Chi mi porta a naufragar.
Maintenant, place à la version de Jean Chrétien Bach chantée par Philippe Jaroussky :
Et pour comparaison, je vous propose de ré-écouter (je vous l’avais déjà proposée il y a quelques mois) la même aria, cette fois sur la musique de Leonardo Vinci, chantée par Franco Fagioli que nous aurons le plaisir d'entendre en juin prochain dans un autre opéra du même Vinci 
.
Madame Zouave