Gouda (Pays-Bas, Hollande méridionale), fin 1433. Un couvent de religieuses contemplatives abrite en ses murs une pauvre sœur nonne qui avait une jambe plus courte que l’autre et si contractée qu’elle ne pouvait plus marcher.

N’y tenant plus, constatant que ses prières n’étaient pas entendues, elle demande à sa supérieure qu’on la transporte à Delft (Pays-Bas) pour y être examinée par un célèbre médecin de l’époque, le Docteur Wilhelm Sonder-Danck, qui avait soigné une autre sœur de ses amies. Mais la Mère supérieure lui refuse la permission de s’absenter du couvent.

Elle se désespère littéralement quand, une nuit, sainte Lydwine de Schiedman, qu’elle a tant priée, apparaît dans sa cellule et l’invite à engager les moniales de la communauté à réciter, chacune, cinq pater et cinq ave, en l’honneur du Seigneur et aussi pour elle ; ce après quoi, on devra la transporter le dimanche suivant, dans la chapelle du cloître où elle recouvrera la santé.

Il advient comme la sainte l’avait prédit : la sœur estropiée sort, joyeuse, et entièrement guérie, de l’église.

Lydwine a été proclamée sainte en 1890 par le pape Léon XIII.

Le 23 février 1239, les six commandants de l’armée d’Aragon se préparent à la bataille qu’ils doivent livrer dans les heures qui suivent avec les Maures aux mains desquels le château de Chio, près du village de Luchente (Espagne, Aragon) est tombé. Ils se confessent et assistent à la messe célébrée par Don Matthieu Martinez, curé de l’église Saint-Christophe de Daroca.

Le prêtre consacre six hosties pour la communion des six hommes. Après l’élévation, un vacarme est entendu à l’extérieur : les Maures viennent de lancer une attaque surprise et tous les soldats doivent immédiatement y faire face. Le père Martinez suspend la célébration et enveloppe les hosties consacrées dans un corporal qu’il cache sous une roche, à quelques dizaines de mètres de la chapelle.

Les troupes aragonaises ripostent et refoulent l’assaut ennemi. Revenus de l’affrontement, les six commandants demandent au curé de les communier puisqu’il n’y a plus aucun danger. Don Martinez récupère le corporal mais lorsqu’il l’ouvre, un spectacle inimaginable l’empêche de prononcer le moindre mot : les hosties, devenues semblables à des morceaux de chair sanglante, sont collées au tissu.

La nouvelle du miracle fait rapidement le tour des troupes aragonaises. De leur côté, les Maures rassemblent leurs effectifs et s’apprêtent à lancer une nouvelle attaque, cette fois beaucoup plus dangereuse. L’un des commandants demande alors au prêtre de tenir le corporal taché de sang à la manière d’un étendard et de marcher en tête de l’armée !

Après quelques heures d’un combat acharné, les Maures capitulent. Le château de Chio est repris.

S’élève alors une discussion pour savoir à qui revient la possession du saint corporal ? On tire au sort et par trois fois la ville de Daroca (Espagne, Aragon) est désignée. Mais les autres ne sont pas de cet avis. Le général Berenguer de Entenza propose une solution : placer le corporal sur une mule prise aux Maures et l’abandonner à son instinct : comme cela on verrait ce que Dieu décide puisque l’animal ignore le pays.

Le 24 février, la mule se met en route sans personne pour la guider. Des prêtres et nombre de soldats la suivent à distance. Le 7 mars, après 300 kilomètres parcourus, elle entre dans Daroca. Là, devant la porte de l’hôpital Saint-Marc, elle tombe morte. Daroca est le lieu voulu par Dieu.

En 1261, le pape Urbain IV reçoit une délégation venue de Daroca. Le récit qu’elle lui fait du miracle l’a sans doute convaincu d’instituer la solennité de la Fête-Dieu. Ses successeurs accordent des privilèges aux pèlerins de Daroca. En 1344, Eugène IV promulgue une année jubilaire tous les dix ans. Sixte IV lui emboîte le pas.

Le saint patron de Daroca n’est autre que saint Thomas d’Aquin, le grand théologien de l’eucharistie, dont la fête, célébrée le 7 mars, coïncide avec l’arrivée de la mule à Daroca !

En 1385, on place le corporal dans un beau reliquaire, lui-même conservé dans un retable de pierre dont les sculptures représentent les étapes successives du miracle. Les taches de sang observées sur le linge ont été analysées : il s’agit de sang humain.

La paroisse de la basilique Sainte-Marie de Daroca conserve un acte notarié daté de 1340 rapportant les événements avec beaucoup de détails.

Laurent, prêtre franciscain, prédicateur populaire dans les Abruzzes (Italie), est célèbre par l’exemplarité de sa vie. Prêtres et laïcs se pressent lorsqu’il prend la parole en public et on vient le trouver pour lui demander un tas de conseils spirituels et pratiques.

Aussi, lorsqu’il meurt le 6 juin 1535, ses frères franciscains et tous les fidèles le pleurent et l’implorent déjà comme un intercesseur auprès de Dieu.

Mais outre cette ferveur populaire, les autorités ecclésiastiques manquent de renseignements sur le cas de ce prêtre d’une modestie inouïe. Aussi est-il inhumé comme de coutume, vêtu de l’habit franciscain, dans l’église Santa Maria delle Grazie d’Ortona (Italie, Abruzzes). L’évolution naturelle de son cadavre est normale. Aucune technique de conservation n’a été faite.

Dans les mois qui suivent, le clergé reçoit d’innombrables témoignages de miracles obtenus sur sa tombe. On diligente une enquête. Une exhumation des restes est entreprise. Le corps de Laurent est retrouvé intact, sans aucun signe de détérioration. Il a l’air de dormir. La souplesse de sa peau et l’élasticité de ses membres sont extraordinaires.

Toujours exposé dans l’église d’Ortona, il reste dans cet état de conservation depuis le XVIe siècle.

L’Église a proclamé Laurent bienheureux le 28 février 1923.