Avant son entrée au monastère de Santa Maria de Franconi in Veroli (Italie)  Marie-Fortunée (née Anna Felice Viti), a connu la misère et les tragédies. Orpheline, elle s’occupe de ses huit frères et sœurs. Au monastère, c'est l'humilité incarnée : pendant 70 ans, elle prie, coud et réconforte ses sœurs en religion. Cette vie effacée prend rapidement un autre relief car Dieu la gratifie de dons mystiques qu'elle s'efforce de cacher.

Un jour, un nouveau prêtre est chargé de célébrer la messe au monastère. Personne ne le connaît. Mais les moniales, le jour de sa première messe, sont impressionnées par ses manières édifiantes. Lors de sa seconde messe, quelques jours plus tard, la bienheureuse se met à pleurer à chaudes larmes, troublant la quiétude de la communauté.

Après la cérémonie, les religieuses lui demandent la raison de cette crise. Baissant le regard, elle leur répond que le prêtre abandonnera bientôt le ministère et que personne ne pourra rien y faire. Si elle s'est mise à pleurer, c'est de tristesse pour lui. « Comment cela peut-il se produire, un jeune prêtre si engagé ? », lui rétorque-t-on. Quelques semaines plus tard, la communauté apprend par la bouche de l'abbesse que ce célébrant a laissé sa vocation.

Marie-Fortunée est enterrée dans la fosse commune. En 1935, ses restes sont transférés à l'église abbatiale, et le procès de sa canonisation est initié. Elle est béatifiée le 8 octobre 1967 par saint Paul VI.

Le 1er mars 1228, le pape Grégoire IX écrit à Jean V, l'évêque d'Alatri (Italie), pour le remercier d'une correspondance expédiée par ce prélat, dans laquelle nous découvrons le récit d'un fait miraculeux. De quoi s'agit-il ?

Poussée par la misère, une jeune fille d'Alatri entre en relation avec une  misérable femme adonnée à l'art des magiciens.  Celle-ci lui promet de lui verser quelques pièces en contrepartie d'une hostie consacrée. La fille se rend rapidement dans la co-cathédrale Saint-Paul d'Alatri où une messe est célébrée. Au moment de la communion, elle fait mine de garder le Corps du Christ dans la bouche, puis, sans que personne ne s'en aperçoive, elle l'enveloppe dans un mouchoir.

Revenue chez elle, elle décide de ne pas donner l'hostie immédiatement à la magicienne, mais de la conserver près d'elle un bref moment. Au bout de trois jours, elle est épouvantée : l'hostie est devenue un  morceau de chair sanglant. 

Elle court ensuite prévenir la femme qui a désiré le méfait. A son tour, celle-ci malgré son éloignement de Dieu et des choses de la foi, comprend la gravité de sa faute. Mais elle refuse d'avouer celle-ci à un représentant de l’Église. Néanmoins, elle accepte d'accompagner sa jeune complice chez l'évêque d'Alatri.

Peu après, agenouillées aux pieds du prélat, elles avouent toute l'affaire. L'évêque veut consulter le pape afin de connaître la pénitence à leur infliger. C'est l'objet de sa lettre adressée à Grégoire IX.

Le Souverain pontife lui répond donc ce qui suit le 1er mars 1228 : « Nous rendons tout d'abord de grandes actions de grâces à Celui qui, bien qu'il règle toute chose avec un ordre admirable, fait néanmoins des prodiges et des actions d'éclat, pour confirmer la foi en la vérité catholique [...]. Voici donc ce que nous vous ordonnons, vénérable frère : imposez une pénitence assez légère à la jeune fille [...] ; mais pour l'autre femme, qui par des suggestions indignes a provoqué le sacrilège, outre les peines que vous lui infligerez, qu'elle confesse son forfait et en obtienne le pardon. »

L'hostie miraculeuse, déposée dans un beau reliquaire en cristal, est proposée à la vénération des fidèles. En 1683, le jésuite Conrad Janning, collaborateur des Acta Sanctorum, visite l'église d'Alatri où il observe à loisir la relique eucharistique sur laquelle il distingue nettement les traces de sang. De surcroît, il remarque que l'hostie est repliée en forme de  rouleau,  comme cela arrive fréquemment dans la bouche des communiants.