Un peu d’histoire
Historique du site avant de devenir une école
Jusqu’en 1870, ce qui est aujourd’hui le Lycée Professionnel Saint Vincent de Paul s’appelait Abbaye Saint Crépin. Elle se trouvait dans le faubourg Saint Crépin et elle était séparée de l’Aisne par les prés Saint-Crépin. Saint Crépin et son frère Saint Crépinien furent les premiers apôtres de SOISSONS. La route de Reims qui passe devant notre Lycée était une grande voie romaine dont la construction a été attribuée à Agrippa ; elle allait de Milan à Boulogne sur Mer et en Grande-Bretagne. A la fin du IIIème siècle, la Gaule était encore païenne et la découverte de multiples squelettes en a fait déduire qu’avant le faubourg Saint-Crépin, il y avait là une nécropole importante. C’est vers 280 qu’une colonie de jeunes gens vient évangéliser la partie de la Gaule qu’on appelle Belgique aujourd’hui. Certains s’arrêtent dans notre région : Quentin, Ruffin, Lucien ; Crépin et Crépinien s’arrêtent à Soissons. Ils ne voulurent être à la charge de personne et choisirent le métier de cordonnier, comme une occupation tranquille et sédentaire qui leur permettrait, sans être dérangés de leur travail, ni privés de moyens d’existence, d’initier peu à peu à la connaissance de Jésus-Christ tous ceux qui viendraient à leur atelier.
Sous Maximien Galère, Rictiovare persécute et martyrise les chrétiens : Sainte Macre à Fismes, Saint Ruffin à Bazoches, Saint Crépin et Saint Crépinien à Soissons. Après d’autres tortures, ces derniers furent jetés dans l’Aisne avec une meule de moulin au cou, mais l’Aisne ne les engloutit pas. On les plongea dans une chaudière de poix bouillante ; une goutte de poix serait allée dans l’œil de Rictiovare qui en mourut. Le lendemain, Crépin et Crépinien furent décapités entre l’Aisne et le parc Saint Crépin actuel, près de l’écluse. Roger et Pavie, des chrétiens, allèrent chercher leurs corps et les enterrèrent en 296-297, dans leur cave (à droite de l’actuel Hôtel de Ville, sur la place). C’est là que se tinrent les premières réunions de chrétiens.
Sous Constantin, les corps de Crépin et de Crépinien furent amenés dans la nécropole le 3 mars 314, par voie d’eau, jusqu’aux prés appelés Saint Crépin. Plusieurs merveilles se seraient produites à l’extrémité du chemin Dehaître où une croix fut élevée ety demeura jusqu’en 1794. C’est ainsi qu’à Soissons existent les lieux-dits : Saint Crépin (Saint Crépin en Chaye) à l’endroit de leur martyre, Saint Crépinet ou Saint Crépin le Petit à l’endroit de leur première sépulture et Saint Crépin le Grand, lieu de dépôt de leurs corps en nécropole et lieu de la Grande Abbaye. Ce lieu devint le quartier le plus pieux de la ville avec trois églises et une chapelle : l’église paroissiale dédiée à Saint Martin construite avenue de Reims à l’emplacement des Etablissements Baudoux, une à l’emplacement des établissements Lecomte, desservie par un moine ; l’Eglise Saint Germain et la chapelle Sainte Thècle au parc Bastié.
Certains historiens affirment que la maison des premiers Evêques de Soissons se trouvait à l’Abbaye Saint Crépin le Grand ; la présence de leurs tombeaux en serait la preuve. La sœur et le frère de Clovis y auraient été enterrés aussi, ainsi que le fils de Chilpéric et Frédégonde : Clodobert.
Au VIIème siècle, Saint Crépin le Grand était une Abbaye de Bénédictins, rivale de l’Abbaye Saint Médard. En 649, les corps de Saint Crépin et Saint Crépinien furent placées dans des châsses faites par Saint Eloi.
L’Abbaye a beaucoup souffert au cours des âges : à chaque siège de Soissons, elle était saccagée. L’Evêque de Soissons, Charles de Roucy, crut que ce serait pourvoir à la sûreté de la châsse de St Crépin que de la retirer du Faubourg pour la transporter dans l’Abbaye Notre-Dame, qui avait alors pour Abbesse Catherine de Bourbon, sœur du Prince de Condé, chef des Huguenots (1562). En 1568, l’Abbaye est entièrement détruite par l’armée des Huguenots.
Des restaurations successives ne durèrent pas ; la gestion de peu scrupuleux ” commendataires “, l’affaiblissement du revenu du domaine amoindri plongèrent le monastère dans le marasme. Il ne s’en serait pas relevé si la Congrégation de St Maur n’y avait introduit sa réforme. Ce fut chose faite en 1646, la règle y retrouva sa rigueur, l’Eglise dont il ne restait plus que les colonnes du chœur se recouvrit d’une voûte. En 1664, de nouveaux bâtiments s’ajoutèrent. C’est le calme désormais, jusqu’à la Révolution qui chasse les cinq derniers religieux.
En 1801, le domaine est vendu et, de suite, la pioche entre en œuvre ; un surcroît de démolition surviendra en 1814 et 1815 lorsqu’il faudra faire le vide autour de Soissons qui endura cinq sièges ces années-là. Les locaux, après de radicales transformations, recevront une fabrique de sulfate de soude ; une manufacture de tapisseries lui succèdera. En 1847, naissent les Etablissements Zickel qui deviennent une meunerie et une métallurgie, à partir du moulin à eau ayant appartenu à l’Abbaye.
Pendant ces années du XIXème siècle, Corot est venu faire des séjours à la manufacture de tapis ! C’est pendant ces séjours qu’il a peint deux tableaux représentant une petite partie de l’Abbaye : l’un se trouve en Hollande, l’autre à Philadelphie. C’est en 1859 qu’arrive à Soissons, un lazariste : Augustin Dupuy, appelé ici pour diriger le petit séminaire Saint Léger. Il y reste 22 ans. Il étend son zèle à la réfection de l’abbaye Saint Léger et à celle de la chapelle Saint Pierre.
En 1865, il organise l’œuvre de Saint Crépin dans le quartier actuel du même nom. Il songe ensuite à rendre à l’Abbaye Saint Crépin à ses premières origines. En 1866, il fait acheter l’ancien logis de l’Abbé et l’usine de tapis. Il fait venir sa sœur et deux autres Filles de la Charité pour s’occuper de : 120 petits enfants à ” l’asile “, 160 filles à l’école, 40 orphelins, une pharmacie pour les pauvres et un atelier de filature de soie pour les ouvriers. Les bâtiments sont appelés ” Saint Vincent de Paul “, à cette époque.
Le 5 Septembre 1870, le gouverneur de Soissons entreprend de détruire le faubourg Saint Crépin. A la suite de l’incendie, la bâtisse principale a perdu ses mansardes et son pignon. L’Abbé Dupuy réussit à obtenir 20 000 F de dommages et il entreprend des quêtes par toute la France et à l’étranger pour rebâtir Saint Vincent de Paul. En 1872, le pignon du bâtiment principal est refait ” à croupe ” comme on les aimait dans le style local de ce temps. L’ancien réfectoire qui devait avoir huit travées voûtées à l’origine n’en a plus que quatre, la cinquième a perdu ses voûtes, mais les autres bâtiments sont restaurés et même agrandis : les cuisines actuelles, l’asile, l’école, l’orphelinat et le pensionnat auquel s’ajoute un atelier de couture.
La grande maison subit de graves dommages durant les deux guerres mondiales. L’immeuble est occupé par les Allemands et abîmé par les bombardements mais le service social des pauvres continue auprès des malades et des femmes de prisonniers.
Le 19 Juillet 1951, la section ménagère est ouverte pour procurer une situation aux jeunes orphelines.
Aujourd’hui, le Lycée Professionnel Saint Vincent de Paul compte environ 650 élèves répartis dans les domaines tertiaires, sanitaires, de l’alimentation, de l’hôtellerie et laboratoire.