SAINT THOMAS D’HEREFORD
De chancelier d’Angleterre, Thomas devint évêque d’Héréford. Guillaume de Chanteloup, son père, fut un des plus célèbres guerriers d’Angleterre. Ce fut lui qui, par les défaites des Barons et des Français, assura la couronne sur la tête d’Henri III. Il fut élevé à la dignité de grand maître du royaume qui, depuis, a été supprimé en raison du trop grand pouvoir que cela entraînait. Il reste des traces de cette cérémonie lors de la réception des pairs.
Les Chanteloup étaient originaires de Normandie. Ils passèrent en Angleterre avec Guillaume le Conquérant qui les combla de biens et d’honneurs1. Thomas eut pour mère Méliante, comtesse douairière d’Evreux et de Glocester, fille d’Hugues de Gournai (Gournay en Bray), laquelle était alliée aux familles royales d’Angleterre et de France.
Thomas est né dans le Lancashire et était l’aîné. Son père et sa mère prirent toutes les précautions pour qu’il soit élevé chrétiennement. Ils le placèrent sous la conduite de Guillaume de Chanteloup, évêque d’Héréford, son proche parent, puis sous celle de Robert Kilwarby, savant Dominicain qui fut archevêque de Cantorbéry, puis cardinal et évêque de Porto. Thomas alla faire ses études de philosophie à Paris et résolut d’embrasser l’état ecclésiastique. Il se rendit à Orléans pour y apprendre le droit civil qui sert de fondement au droit canonique. Au concile général assemblé à Lyon, il fit connaissance de plusieurs théologiens célèbres.
Il retourna en Angleterre pour poursuivre ses études, passa son doctorat en droit à Oxford et fut élu chancelier de la fameuse université de cette ville. Il acquit tant de renommée que le roi Henri le nomma chancelier du royaume. Il géra très bien les affaires de l’état et mit fin à l’usure. Plusieurs fois, il voulut se démettre de sa fonction, mais il ne put le faire qu’à l’avènement d’Edouard Ier au trône. Il n’exerça plus que dans le conseil privé du roi. Il avait alors cinquante-quatre ans.
Rendu à sa liberté, il se rendit à Oxford et y prit le degré de docteur en théologie dans l’église des Dominicains. Robert Kilwarby en fit son éloge.
Le pape Grégoire X le fit venir en 1274 au second concile général de Lyon pour la réunion des Grecs, et l’année suivante, il fut élu canoniquement évêque d’Héréford dans l’église du Christ de Cantorbéry. Depuis ce temps-là, les évêques d’Héréford portent les armes de Chanteloup.
Certains évêques l’obligèrent à quitter son diocèse pour faire un voyage à Rome. De retour vers son pays, ses forces commencèrent à baisser et il fut obligé de s’arrêter à Montefiascone en Toscane. Il y mourut le 25 août 1282. Il avait soixante-trois ans. On l’enterra dans l’abbaye de Saint Sévère. Quelque temps après, ses ossements furent portés à Héréford et déposés dans la cathédrale. Un cardinal prononça son éloge funèbre.
Edmond, comte de Cornouaille, fils de Richard, roi des Romains, fit enchâsser son chef et le déposa dans un monastère qu’il fonda sous son invocation à Ashridge dans le Buckinghamshire. En 1287, on fit une translation solennelle de ses reliques à la cathédrale d’Héréford en présence du roi Edouard III et on les enferma dans un mausolée de marbre. Sa sainteté a été confirmée par un grand nombre de miracles dont on trouve le récit dans les actes originaux de sa canonisation (gardés dans la bibliothèque du Vatican). Le Bienheureux Thomas d’Héréford fut canonisé par le pape Jean XXII en 1310, le 2 octobre. Son tombeau est toujours dans la cathédrale d’Héréford, mais les inscriptions ont été effacées.
1. Ils devinrent par leur alliance héritiers des Strongboys, des Marshals, comte de Pembroke, des Filtz-Walters, comtes d’Héréford, et des Breuses, seigneurs d’Abergavenny.