SAINT COLOMBAN
Colomban est né dans la province de Leinster, en Irlande, vers le milieu du sixième siècle. Il y avait à cette époque un grand nombre de moines sur cette île, si bien que le pays était tout à la fois une île de saints et un séjour pour les sciences ecclésiastiques.
De toutes les abbayes d’Irlande, la plus célèbre était celle de Benchor (Bangor) dans le comté de Down. Elle avait été fondée par Saint Congel vers 530. Les moines partageaient leur temps entre le labourage, la prière et l’étude. Leur règle était celle de Saint Basile et des moines orientaux.
Après avoir appris les premiers éléments des sciences sous Saint Sinellus à Cluain-Inys, Colomban se rendit à Benchor et y prit l’habit. Brillant dans les sciences il composa, encore jeune, un commentaire des psaumes. Notre moine voulant évangéliser le reste du monde s’en alla en Bretagne, puis de là en Gaule où il arriva vers 585. Il avait alors trente ans.
Il s’aperçut rapidement qu’aucune règle n’était respectée, surtout depuis l’invasion des Barbares. Il mit tout son zèle à relever ces manquements à la religion. Il fut bientôt admiré par sa douceur, sa modestie, sa patience et sa charité. Toute faute lui inspirait la pitié du pécheur. Sa réputation parvint à Gontran, roi de Bourgogne, qui le fit venir sur ses terres et lui demanda de bâtir une abbaye à l’emplacement des ruines du château d’Anegrai dans les Vosges (elle n’existe plus depuis longtemps). L’abbaye devenant trop petite, il en bâtit une nouvelle à un emplacement nommé Luxeu (Luxeuil) qui devint le chef-lieu de l’Ordre. Colomban fonda une troisième abbaye à dix kilomètres de Luxeuil, celle de Fontaine, car en ce lieu coulaient beaucoup de sources. Il faisait souvent la tournée de ses trois abbayes pour instruire ses moines. Il nous en reste seize instructions.
Colomban n’ayant pas, dans sa jeunesse, négligé l’étude des Belles-lettres, nous avons de lui des poésies sur la morale et la piété. Nous savons ainsi qu’il n’ignorait ni l’histoire ni la mythologie ; mais l’ouvrage que l’on estime le plus est la règle qui est un vrai traité de profession monastique1.
Le Règle de Colomban est suivie de son Pénitentiel, recueil de pénitences pour les moines. Exemple : six coups de fouet étaient donnés aux moines s’ils ne répondaient pas Amen aux prières ou s’ils rompaient le silence au réfectoire, ou encore s'ils souriaient à l’office, etc. Cinquante coups de fouet étaient donnés pour insubordination. Outre les pénitences il y avait encore les jeûnes et les humiliations extraordinaires. Un autre Pénitentiel de Saint Colomban recueille les pénitences canoniques pour toutes sortes de personnes. Cette Règle s’observait dans plusieurs abbayes conjointement avec celle de Saint Benoît.
Pour la préparation des grandes fêtes, les moines ne devaient se nourrir que de légumes et se retirer dans des cavernes proches de l’abbaye.
Saint Colomban célébrait Pâques le quatorze de la première lune après l’équinoxe de printemps, quoique le jour tombât un dimanche. Il suivait la coutume des Irlandais. Douze ans après son arrivée, il convoqua en concile les évêques de France pour leur recommander la charité et l’humilité.
Mort en 596, Childebert laissa deux fils, Théodebert et Thierri. Ce dernier fut roi de Bourgogne, ou plutôt Brunehault, sa grand-mère. Saint Colomban reprochait au roi ses concubines et ses bâtards. Il refusait de les bénir. Thierri promit à Colomban de rentrer dans le droit chemin et de se marier ; mais Brunehault, constatant que Colomban prenait trop d’emprise sur le roi, voulut aller voir le saint et entrer dans l’abbaye ; cela lui fut refusé comme à toute femme et aux hommes qui n’étaient pas religieux. Elle décida de se venger. Cependant le roi continuait dans la débauche et Saint Colomban lui écrivit pour le lui reprocher en le menaçant d’excommunication. Brunehault en profita pour influencer le roi, qui fit exiler Colomban à Besançon. Deux gentilshommes eurent pour mission de le conduire à Nantes et de le faire embarquer pour l’Irlande (610). Les vents contraires firent que le bateau ne put appareiller et Colomban se retira auprès de Clotaire II, roi de Neustrie. Le saint lui prédit qu’il serait maître de toute la monarchie française avant trois ans. Puis Colomban se rendit de Paris à Meaux et arriva à la cour du roi Théodobert où il fut bien reçu. Soutenu par ce dernier, il alla prêcher près du lac de Zurich et se fixa à Zug, en territoire païen. Lors d’un sacrifice au dieu Wodan avec une cuve pleine de bière, Colomban souffla sur la cuve qui se brisa à l’instant. Plusieurs païens se convertirent et furent baptisés. Saint Gal en profita pour mettre le feu aux temples païens et jeta les offrandes dans le lac ; mais les païens irréductibles décidèrent de se venger. Prévenus, les saints se réfugièrent à Arbonne, sur le lac de Constance. Ils y furent reçus par un prêtre nommé Villemar qui leur montra une petite ville paisible nommée Brigantium, aujourd’hui Bregenz. Sous l’invocation de Sainte Aurélie, ils se construisirent des cellules tout autour. Ils évangélisèrent le peuple qui était retombé dans l’idolâtrie et jetèrent les idoles dans le lac. Ils placèrent les reliques de Sainte Aurélie sous l’autel de l’église et célébrèrent la messe devant tout le peuple converti.
Colomban resta trois ans à Bregentz et y fonda une abbaye en 610, aujourd’hui Mereraw, la plus ancienne d’Allemagne près de Bregentz au diocèse de Constance.
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Colomban mourut à Bobio en Italie le 21 novembre 615.
1. Saint Benoît d’Aniane a inséré la Règle de Saint Colomban dans son recueil des Règles monastiques.